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Franck Thilliez - Puzzle

Cinq mois de silence. Cinq mois où je n'ai pas arrêté de lire. Mais, cinq durant lesquels j'avais besoin de revenir à la base de ma passion: la lecture. Il y a un moment où on est dépassé par ce que l'on veut faire et par ce qui nous motive. On me proposait de nombreux livres intéressants, et je disais oui. Résultats: je n'avais pas le temps de les lire, et plus le temps de lire ce que je voulais vraiment. Et plus le temps de vous en parler convenablement. Alors j'ai calmé le jeu pour me recentrer ce sur qu'est ma passion première: la lecture d'univers éparses. Et au passage je vous les fait découvrir.
Du coup, j'ai beaucoup de très belles choses dont je veux vous parler. Et ce, en commençant par ce dernier roman de Franck Thilliez. Vous savez ce que je pense de cet auteur! Et il m'a pas déçu.

Paranoïa
Vous ne connaissez certainement ce jeu. Il est réservé aux élites des gamers. Et encore, il faut le mériter. Il ne suffit pas de s'inscrire sur un site et attendre que l'on vous contacte. Vous pouvez essayer mais vous attendrez longtemps. Avec ce jeu, on ne sait jamais quand il s'arrête, et quand il commence. Ni début, ni fin.

Illan et Chloé sont tous deux des spécialistes des jeux de rôles et chasses aux trésors. Aucunes ne leur résiste. Quand ils ont entendu parler de Paranoïa, tout était dit. Il fallait qu'ils y participent et qu'ils y gagnent. La quête de la porte d'entrée fut dure et longue. Leur couple, leur complicité ne tint pas le coup. Chloé continuait seule ce qu'Illam arrêta par des raisons familiales qui le ramena sur terre, à la réalité.
    Quand Chloé revient avec l'une des portes d'entrée au jeu, il replonge dans ce monde virtuel où la réalité n'a jamais eu autant de matière. Il replonge dans l'inconnu. Il replonge dans son passé malgré lui. Mais le passé est souvent ce qu'il y a de plus effrayant. Surtout le sien propre. Nos deux joueurs doivent surtout ne jamais oublier les règles du jeu.

Règle numéro 1:"Quoi qu'il arrive, rien de ce que vous allez vivre n'est la réalité. Il s'agit d'un jeu."
Règle numéro 2:
"L'un d'entre vous va mourir."
 Fanck nous revient avec un très bon thriller.
Il laisse de côté ses deux flics, Sharko et Hennebelle, pour nous écrire un one-shot paranoïaque à souhait. Très vite, le lecteur perd les notions de réalité et jeu. Où le jeu commence? Où finit la réalité?... 
De plus, la narration en deux temps contribue à vous plonger complètement dans le flou tout le long du roman. Vous cherchez où vont Illam et Chloé, et surtout qui sont ces autres participants au jeu aussi surprenants les uns les autres. Ils nous plongent chacun à leur manière dans nos peurs les plus profondes. Ils sont simples ces personnages mais ils nous rappellent tous quelqu'un qu'on a bien connu. Une force que Franck Thilliez a développée tout au long de son oeuvre. Ses personnages sont de plus en plus forts et de plus en plus épais. De plus en plus réels. 
A travers ce roman, on sent les références cinématographiques une fois de plus. La plus grosse est bien évidemment The Game de David Fincher. Comme ce très bon film, Thilliez nous perd dans les limites du jeu. Mais surtout, il sort de ce carcan pour nous plonger dans un thriller pur et dur dans la seconde partie du roman. On arrive même dans un bon vieux slasher. Un hôpital psychiatrique abandonné, une bande de jeune, un tueur qui les massacre un par un... ou du mois en apparence. Puis, quand on est persuadé d'être sur du classique, l'auteur redistribue les rôles, et lève encore un autre rideau. Et la pièce de théâtre peut continuer. Et ce pour un final stupéfiant. Peut-être pas le plus original mais mêlé à l'ensemble du roman, c'est du très lourd encore une fois!!!! 

Finalement, Franck nous écrit un thriller à l'atmosphère poisseuse et à la paranoïa palpable. Une très bonne lecture que je vous conseille vivement!  




Lazaro M. Manca - Les mystères de Ténérife

Dans la série roman parfait pour la plage, je vous présente le second du nom. Un recueil de nouvelles formant un tout passionant.

Ténérife est la plus grande île des Canaries. Et la plus visitée. les touristes multiplient par six au minimum la population locale. Les natifs sont plutôt rares, les habitants permanents sont pour la plus grande majorité des gens de l'Espagne métropole dont le compte en banque n'est pas à plaindre. Et entre les quelques natifs et les nantis continentaux, il y a une population qui fuient la monotonie, et s'échappe au Paradis. Un paradis en demi-teinte...
Vicente Clavijo Rodriguez est un électron libre dans cette faune hétéroclite. Après avoir quitté la police de Barcelone, il s'est installé à Ténérife avec la succession de sa mère. Un petit pécule lui permettant de vivre agréablement. Il est détective privé... et il donne des cours de golf pour gagner sa vie. Bah oui! Pourtant, il en a pas mal des affaires, mais elles sont plus tordues les unes que les autres. Et puis, certaines lui ouvrent les yeux sur son passé...

Un petite surprise de plus de la part des éditions Le Passage. Lorsqu'on a l'ouvrage entre les mains et que l'on lit les premières pages, on s'attend a un ressassé de Mike Hamer. un détective désabusé qui laisse les événements le dépasser gentiment. Mais, première originalité pour moi, ce roman est en réalité un recueil de nouvelles qui crée un tout de façon à ce que chaque nouvelle apparemment indépendante soit un rouage d'un récit plus large. C'est clair?... Je veux dire qu'il s'agit plus de chapitres plus ou moins indépendant. Le résultat est que l'on lit une suite d'affaires, et que l'on se prend sans rendre compte une grosse claque.
Les personnage sont installés patiemment. Leurs traits sont distillés au grès des chapitres et des histoires qu'ils renferment. Il n'y a pas de faux pas. Et ce jusqu'à la chute finale qui laisse le lecteur sur sa faim. Sincèrement, ce roman est un bol d'air frais dans la production actuelle. On croit avoir affaire à une série B, et on se retrouve avec un classique entre les mains.
Il se lit bien, et vous enchante. Pensez à ce roman pour vos prochains achats.

Patrick Bauwen - L'oeil de Caine

Dans la série roman parfait pour la plage, je vous présente le premier nommé: L'oeil de Caine de Patrick Bauwen.
La télé-réalité grandit inexorablement depuis quelques années. Patrick Bauwen se sert de ce phénomène de société pour son premier roman. Imaginez le concept. Chacun a quelque chose à cacher: un passé peu reluisant, un présent menacé ou un acte manqué. Hazel Caine vous propose d'exposer ces secrets sous l'oeil de la caméra. Soue l'oeil tout-puissant de big Brother, ici appelé Caine! 

Le sort en est jeté. Dix candidats sont sélectionnés. Chacun pour une raison précise. Tout âge, milieu social et sexe sont représentés. Que les jeux commencent. Seulement, un intrus met son grain de sable dans le rouage si parfait de l'émission de télévision. Et plus rien ne va. La roue tourne, et les morts se suivent.

Patrick nous sert un huis-clos à la sauce moderne. La question n'est tant pas "Mais qui les tue?" que "Mais qui est qui dans cette histoire?". En effet, plus l'intrigue avance, plus on en sait sur les personnages, plus on se demande si l'accident qui les a amenés dans ce village abandonné est réel. Et pourquoi on en douterait?... Le rythme est à tombeau ouvert. Pas un temps mort. Nous passons d'un personnage à un autre pour en apprendre de plus en plus sur chacun d'eux.
Et là, énorme point fort du roman, Ce thriller collégial est réussi impeccablement sur ce point! Pas un personnage est délaissé au profit d'un soi-disant héros. Bien évidemment, nous vivons l'histoire à travers le prisme d'un personnage, mais les dix autres ne sont pas délaissés mais toujours dans le coin. Et il en est de même pour les personnages hors du huis-clos. Ils épaississent le mystère. Et ce jusqu'à la toute fin. Fin qui est grandiose.

Il est question ici d'un premier roman magistral. Patrick Bauwen est un nom à ranger aux côté des Grangé, Thilliez, Scalese et Cie. Ce n'est plus à prouver aujourd'hui.

Nous pouvons également remarquer un talent d'écriture indéniable . Et ce dès ce premier roman qui a déjà pas loin de six ans. Notamment à travers un champ lexical religieux essaimé dans tout le roman. Le nom de l'émission que tout le monde aura remarqué, L'oeil de Caine=:L'oeil de Caïn. Mais aussi le nom de la productrice (Hazel Caine) qui peut faire penser à un baron de l'Enfer à l'oreille= Ezekiel. Je peux parler encore la citation tirer d'Usual Suspect ("Le tour le plus rusé que le diable ait jamais inventé c'est de faire croire au monde qu'il n'existait pas...") Et je suis sûr qu'en cherchant un peu, on pourrait en trouver d'autres. ;)

     Patrick s'est trouvé un style cinématographique mais qui reste littéraire. Et c'est un sacré coup de force. On sent à la lecture qu'il pourrait écrire n'importe quel style d'ouvrage. Il sait écrire véritablement. Il fait partie de cette génération d'écrivain qui respecte ses aînés mais qui innove tout en montrant qu'il maîtrise les mots. Je le vois bien s'acharner à trouver le mot juste et pas un synonyme. En ce sens, il me fait penser à un Romain Sardou ou Christian Roux. Chacun des mots fait mouche. Et aucun n'est utilisé par hasard.

Au final, ce fut un premier très gros coup de cœur de l'année 2007. Et j'attends le second avec impatience!...
Il a été récompensé par le prix des lecteurs du livre de poche-Polar 2008


Jérémie Guez - Balancé dans les cordes


              Il vient d'être décerné à ce roman le Prix SNCF du Polar 2013. Du coup, j'ai voulu le remettre en avant sur ce blog! Si vous ne l'avez pas encore, lu, c'est le moment. Un pur bonheur de lecture!!!
             Rappelez-vous ce que je vos disais l'année dernière en conclusion de la chronique de Paris, la nuitJe vous le dis, et vous commencez à me connaître, ce Monsieur Guez est a du talent à revendre. et il ne peut que s'améliorer vu son jeune âge. 
Hé bien, je peux vous dire que je ne me suis pas trompé. Ce second roman confirme les espoirs mis en lui. Il signe un ouvrage qui vous prend une nouvelle fois aux tripes. 

On quitte Paris pour se plonger dans le décor des banlieues de la couronne parisienne. On quitte la Ville pour les tours d'après-guerre où il a été laissé pousser les herbes de le délinquance entre les dalles. "De toutes façons, ce ne sont que des fainéants qui vivent sur la société" nous apprennent certains discours politiques. Ce sont surtout des jeunes qui n'ont que peu d'issues. Parmi celles-ci, certains ont choisi l'économie parallèle qui assure des revenus mais une sécurité précaire; et d'autres on préféré trouvé une activité plus légale comme le sport par exemple. Tony fait partie de ceux-là. Et il a la chance de pouvoir en faire son métier. Il a du talent pour cela et tout le monde le dit. Alors quand son premier match pro est gagné, un espoir éclaire son tunnel et celui de sa mère. Mais tout bascule quand elle est agressée par un homme chez eux. Tony voit rouge, il signe un pacte avec Miguel, un caïd du quartier. 3tu me livre le coupable, et je suis ton obligé." Il pensait que le règle était un prêté pour un rendu, mais il s'est trompé. Rien n'est jamais si simple avec le milieu. Vous y êtes une fois, vous y restez. Et les larmes de sang sont la seule monnaie acceptée ici. Pas de crédit! 
    
     Je me suis pris un uppercut en plein foie avec ce roman. Jérémie monte le niveau encore d'un cran avec ce bouquin. Il nous décrit l'histoire d'une double vengeance qui finit dans le sang. De toute façon, ce qui commence dans le sang finit également dans le sang. Tony est un personnage qui nous émeut. L'auteur réussi à trouver la corde qui fait vibrer le lecteur. On ne tombe pas dans la facilité ou le misérabilisme à deux sous. Nous avons là un personnage épais sur qui repose tout le roman. L'écriture à la première personne donne cette force au roman de plonger le lecteur dans la peau du personnage principal. On y ressent ces espoirs et ses rêves, et puis on redoute ses peurs et ses peines. Il est le reflet d'Abe, le héros de Paris, La nuit. Là où Abe cédait à la facilité pour s'en mordre les doigts, Tony se bat pour que la violence qui l'entoure ne le rattrape pas. Mais ils ont un point commun, ils n'aiment pas subir les choses. Ils aiment les provoquer. Et leur amour de la liberté les amènent à des choix aux résultats amers. Ils ne sont finalement que les deux faces d'une seule médaille: celle de la jeunesse laissée à sa dérive. 
   Je peux vous dire que j'attends impatiemment le dernier volet de ce triptyque. Je suis pressé de voir où il va nous amener. Et ce tant au niveau scénario qu'au niveau style. Parce qu'ici, il est toujours autant sec. Pas de mots inutiles ou de métaphore pour mettre les formes. Ici, on joue seulement avec les mots pour leur donner leur sens premier.
Jérémie Guez sait écrire et manier les mots. Ce sont ses gants, et vois, vous n'avez que vos yeux pour lire. Et je pense sincèrement qu'il vous aura par KO. Mais vous aurez eu un plaisir fou dans cette lecture. Alors, ne le boudez pas, et jetez-vous sur ce roman. 

Mallock - Le cimetière des hirondelles

Manuel Gemoni est un homme heureux. Une femme qu'il aime, et réciproquement, et une petite fille, le trésor absolu. Sa petite vie lui plaît et il s'y épanouit. Alors pourquoi est-il allé jusqu'à Saint Domingue, l'autre bout du monde, pour aller tuer ce vieillard?

Il ne connaît pas lui-même la réponse, alors comment le commissaire Mallock pourra dénouer les fils pour l'innocenter? Depuis qu'il connaît la célébrité, les rues sont un peu étouffante alors un peu d'air neuf lui fera du bien. Mais quand même, c'est quoi cette histoire encore. Il connaît bien Manu, c'est le frère d'une de ses plus proches collaboratrice. C'est pour elle qu'il fait le déplacement, il le récupère puis hop! retour en France. Mais ce ne va pas être si simple. L'extradition entre Saint Domingue et la France n'est pas aussi facile que sur le papier. Le commissaire Mallock va l'apprendre à ses dépens. Il va en profiter pour en apprendre un peu plus sur la victime. Qui est ce vieillard? Toutes informations est bonne à prendre pour défendre l’indéfendable. La ligne de défense de Manu? Je l'ai tué parce qu'il m'a tué...
Allez comprendre vous!... Mallock ne le sait pas encore mais il va mettre le doigt dans un engrenage qui va changer à tout jamais sa perception des choses. Après cette enquête, notre commissaire va perdre beaucoup de ses certitudes.

Je ne connaissais pas du tout cet auteur, J.-D. Bruet- Ferreol.
Du coup, j'étais comme une feuille vierge. J'ai ouvert le roman et ma suis laissé imprégné directement par l'histoire. Et j'ai très bien fait. Je n'avais aucun a priori, bons ou mauvais. Et maintenant, mon jugement est tout fait. Et il est plus que positif. On retrouve dans ce polar des personnages attachants. On sent qu'ils ne sont plus vierges, eux, de toute aventure mais on ne ressent aucun manque si on n'a pas lu les histoires précédentes. Ce roman est un tout qui se dévore sans patience. On découvre un commissaire plein d’espérance pour le futur mais blasé par le présent. Un petit air de Sharko pour les connaisseurs.
De l'humour, de la poésie et un brin de mélancolie font de ce roman un moment très agréable de lecture
Au niveau de l'intrigue, Mallock nous ballade pendant le roman sur une piste qu'il étaie de manière de plus en plus vraisemblable. Puis, un véritable twist final retourne tout. Ou du moins, il éclaire les choses d'une autre lumière. Très bien écrit, ce polar m'a donné envie de lire les deux précédents, réédités chez Pocket récemment. 



Patrick Graham - Des fauves et des hommes

L'argent fait le malheur des hommes. De tous temps, il en a été ainsi.

Bien évidemment, il vous permet l'opulence, le luxe et la propriété. Mais qu'est-ce qu'il se passe quand il disparaît? Regardez les infos, vous aurez la réponse. 
Ou alors plongez dans le passé, et vous comprendrez que le pire n'est pas forcément l'argent mais les hommes qui n'apprennent pas les leçons de l'Histoire. Rappelez-vous en 1929, le monde connut la plus grande crise financière de son Histoire. Les premiers touchés furent les Etats-Unis d'Amérique, berceau de krach. Les plus pauvres étaient dans la rue à mourir de faim, exproprié pour dette impayée par les banques toutes puissantes. Les manœuvres frauduleuses ont été nombreuses à cette époque, et les faibles abusés encore plus. Et puis, cette époque fut la naissance, ou du moins l'essor, du Klan et de toutes ces factions qui brutalisaient les gens de couleurs. Les USA vivaient dans un brouillard idéologique fort. L'Argent était roi, et les WASP le contrôlaient.

Vous connaissez maintenant le contexte historique de ce roman de Patrick Graham. On y suit les pérégrinations de deux fugitifs. Ils sont recherchés par plusieurs groupes de personnes, et pas grands monde leur veut du bien. Ce sont Sidney Clifford et Carlson. Le premier est un métayer noir sur la route à la recherche de travail. Il a quitté sa famille, il les a retrouvés morts dans le malheur. Il n'a plus rien à perdre mais avant de s'évaporer sur les routes, il venge sa femme et ses enfants en tuant le banquier qui les a expulsés de force. Mais il n'avait pas prévu que la mafia était derrière ses expulsions et de nombreuses autres. Et l'organisation n'est pas contente qu'on lui a pris des documents compromettants.  
La route est longue pour Sidney, rejoint par Carlson dont la famille a été massacrée à cause de Sidney. Ils fuient, ils ne savent pas trop quoi, ni qui mais ils fuient. Seulement, en cette période sombre, les légendes prennent vite consistance. Partout où ils passent, leurs exploits les dépassent. Ils ne sont pas grand chose, mais ils vont devenir l'Espoir pour ces gens, pour ce pays en pleine désillusion.

Des fauves et des hommes est le quatrième roman de Patrick Graham.
J'avais été très agréablement surpris par son précédent, Retour à Rédemption. Dans celui-ci, on retrouve cette ambiance nord-américaine du début du XXème siècle. Une Amérique jeune, qui cherche encore ses repères et qui se perd dans les paroles de prédicateurs, religieux ou économiques. On plonge ici en plein dans l'après-crise de 1929. Crise dont seule la seconde Guerre Mondiale nous sortira définitivement je vous rappelle.
Avec son écriture sans parti pris et sans fioritures inutiles, il nous relate une atmosphère, un environnement. Il nous  y immerge complètement. Vous voulez vous en faire une idée? Ne lisez que la première partie du roman, c'est en quelque sorte l'introduction allons-nous dire. Vous allez prendre une claque monumentale. Honnêtement, ce sont les pages les mieux écrites que je n'ai lues depuis bien longtemps. Elles vous plongent immédiatement dans une atmosphère poisseuse et désespérée. Et cette sensation ne vous lâche pas un instant jusqu'à la fin du roman.
Du côté personnages, on a des protagonistes ambivalents avec leurs côtés sombres et leurs espoirs. Avec leurs amitiés et leurs inimitiés. On commence avec plusieurs personnages que l'on suit en parallèle. Ils sont tous liés par ce meurtre et ces papiers compromettants pour la mafia, et de nombreuses personnes publiques. Vous avez le meurtrier, la mafia, la journaliste et le flic irascible. Des personnages classiques, mais aucun ne respecte son rôle véritablement. Patrick transcende totalement le rôle de chacun, et redistribue les cartes à chaque tournant. Aucun rôle n'est définitif et personne n'est assurée de voir la fin du roman. C'est la vie tout simplement.

Caryl Férey - Zulu

On parle de plus en plus de l'adaptation de Zulu par Jérôme Salle, réalisateur de Largo Winch I & II et d'Anthony Zimmer notamment. Adaptation dont l'auteur lui-même a dit tant de bien sur sa page facebook, et avec notamment Orlando Bloom et Djimon Hounsou (Amistad, Blood Diamond...). J'ai eu envie de relire ce roman qui m'avait laissé un très bon souvenir.

Ali, Brian et Dan sont trois flics qui luttent contre la violence urbaine dans l'Afrique du sud post-Apartheid. Tous les opposent.
Ali est zoulou, issu d'un quartier où il était parqué avec sa famille. Étant opposant au régime, son père a été torturé ainsi que son frère aîné. Lui, il n'est lui-même pas sorti indemne. Avocat, il est devenu flic lors de la reconstruction de la force judiciaire.
Brian fait partie de ces blancs anti-apartheid œuvrant dans l'ombre. Il était détective privé, spécialisé dans les recherches des opposants disparus. Ali est venu le chercher comme bras droit. Il a accepté, espérant pouvoir changer les choses de l'intérieur. Et éviter que les erreurs passées se répètent.
Dan, est enfin le jeune flic naïf. Celui qui apprend la rigueur de la vie dans une douce utopie. Il apprend très vite, trop vite... Trop tard.
Ces trois-là se retrouvent à enquêter sur un meurtre, puis un second du même acabit. Des meurtres où les choses ne sont pas ce qu'elles ont l'air d'être. Ajoutez-y une pincée de trafic de drogue, et une cuillerée de relents passéistes. Vous obtiendrez un chef d'œuvre du polar moderne.

Je pèse mes mots. Ce livre est excellent sur tous les points. Les personnages sont très bien dessinés, et aucun ne correspond au stéréotype qu'il est censé représenter. Le naïf ne l'est pas tant que ça, et le roc insensible cache des démons du passé invincibles. Ce polar est violent, mais seulement parce que l'histoire et le décor le sont tout autant. En effet, l'Afrique du sud d'aujourd'hui n'est pas le pays d'Eden. Il n'est pas ce paradis légal dont l'on aurait pu rêver avec l'élection de Mandela. Le passé a laissé des traces indélébiles. Les luttes internes entre opposants ont été aussi meurtrières que la répression du pouvoir blanc. Et la violence des blancs a trouvé une réponse dans l'opiniâtreté des noirs. Chaos et conflits ne se sont que déplacés, et ils existent toujours. L'apartheid n'est plus légal, mais il reste social. Et Caryl Férey le décrit parfaitement ici.
Il s'agit également d'un polar très bien mené au niveau du style et de l'intrigue. A tambour battant. On n'a pas le temps de réfléchir ou de respirer. Je vous le conseille véritablement. On passe un excellent moment de lecture.
Ce roman a reçu lors de sa sortie le Grand Prix de littérature policière 2008, ainsi que le trophée 813 du meilleur polar français 2008.

Peter James - Aux prises avec la mort

      Cela fait quelques temps que les romans de Peter James me font de l'oeil. Mais je n'avais pas eu l'occasion d'en lire un. On ne peut pas tout lire ce qui a l'air intéressant. Les journées ne font que vingt quatre heures. Enfin c'était jusqu'à aujourd'hui. Je viens de finir son petit dernier, Aux prises avec la mort. Et ce fut une réelle bonne surprise.

Trois personnes distinctes. Trois personnes qui auraient très bien pu ne jamais se connaître. Ils vivent dans des mondes différents et ont des préoccupations différentes. On a Carly Chase, une avocate spécialisée dans les divorces. Elle a perdu son mari il y a peu. Alors elle tente les rencontres sans lendemain. Mais elle est déçue à chaque fois. Comme hier soir par exemple, elle a rencontré un homme qui a lui a laissé un souvenir peu glorieux. Pour oublier sa présence, elle a bu. Un peu plus que de raison. Il en reste des traces ce matin alors qu'elle est en voiture en direction du cabinet 
D'un autre côté, nous avons le conducteur d'un van blanc qui a l'air pressé. Plus que de raison. On en sait rien de lui, si ce n'est qu'il est derrière Carly, et impatient. Notre troisième protagoniste est chauffeur routier. Il n'a qu'une hâte: rentrer chez lui pour passer du temps avec sa nouvelle femme. Il dépasse les heures autorisées de conduite. Mais plus vite arrivé, plus vite reparti à la maison. Seulement voilà. Ces différents éléments vont créer une seule et même situation. Une situation dont le résultat va être le décès d'un cycliste dans un  accident de la circulation mettant en cause nos trois protagonistes. Le seul petit problème est que le cycliste est le petit-fils d'un ponte de la mafia New-Yorkaise. 
Quand les deux hommes meurent de la main d'un professionnel, les policiers commencent à s'inquiéter pour Carly. La course contre la mort et la vengeance ont commencé.

Comme je l'ai déjà dit, c'est le premier roman de cet auteur que je lis. Et j'ai assez vite compris que c'était le premier que je lisais parmi une série de polars. Du coup, je me suis posé une question. Ce roman fait partie d'une série, mais est-ce qu'il peut se lire en one-shot? Mes doutes ont vite été balayé. A part un passage ou deux que je garderai sous silence pour pas gâcher le suspens à ceux qui suivent la série des enquêtes de Roy Grace, le roman se concentre sur l'enquête concernant l'accident.
Justement, les choses sont admirablement mené durant toute l'intrigue. Dans un premier temps, on suit l'enquête sur la mort du cycliste décédé puis logiquement on glisse vers la vengeance. Et là, plus de surprise pour le lecteur sur l'identité du meurtrier. On sait tout et on entend tout. Mais le suspense vous prend quand même aux tripes. Et cela repose uniquement sur les personnages qui sont épais et loin de tout stéréotypes. Bien que réalistes, les réactions du personnage n'en sont en rien prévisbles.
Peut-être que pour certains lecteurs, il y a trop de lecteurs, mais je pense au contraire que la force du roman repose sur ce point. Les possibilités pour l'auteur s'en trouve multipliées et les émotions pour le lecteur aussi. On est balancé d'un personnage à l'autre. Et c'est important pour nous tous ces personnages, ainsi on connaît tous les tenants et aboutissants de l'intrigue.
Une très bonne lecture. Que je renouvellerai à l'occasion avec un autre polar de cet auteur.

Barbara Abel - Derrière la haine

Je viens aujourd'hui vous parler d'un roman qui m'a laissé totalement sur les fesses. Un pur régal qui me prouve encore une fois que les auteurs français n'ont pas à envier leurs collègues étrangers. Nous avons ici de vrais maîtres en la matière. Et Barbara Abel est de la partie.

Ici, elle nous raconte une histoire simple, une histoire d'amitié. Une amitié qu'un simple évènement va transformer en folie pure. La souffrance peut créer beaucoup de murs, mais elle en fait tomber également. 
Écoutez donc l'histoire de ces deux couples. Même âge, situation similaire ou du moins comparable, deux familles unies avec leur secret et leurs joies. Deux familles classiques en somme. Elles vivent l'une à côté de l'autre, seule une hie sépare les deux maisons jumelles. Jumeaux, leurs enfants le sont presque puisque naît avec très peu d'écarts. Tout est fait semble-t-il pour qu'ils deviennent les meilleurs amis au monde. Pourquoi contrarier le destin? Ils le sont devenus. Typhaine & Sylvain, Laëtitia & David. Quand on parle des uns, on entend le nom des autres. Les deux enfants sont les meilleurs amis. Tantôt chez l'un, tantôt chez l'autre.
Oh... Je vous rassure, ils ont des points de vue différents. Comme l'éducation, un couple est un brin plus libertaire dirons-nous que l'autre. Mais rien de bien sérieux. Rien qui ne peut menacer cette solide amitié. Mais la vie aime rebattre les cartes régulièrement. Elle n'aime pas la routine. Alors elle provoque le changement. C'est ce qui arrive dans notre joli tableau à la Rockwell. Un accident arrive, et l'un des deux enfants meurt. C'est brutal, et les choses vont changer. La peine des uns va influencer le comportement des autres. L'amitié de jadis va devenir la haine d'aujourd'hui.

Comme je vous l'ai dis en introduction, cet ouvrage va vraiment passionné. Vous tournez les pages sans vous en rendre en compte. Et l'histoire défile sans qu'on y fasse attention. On se prend d'affection pour ces couples, pour leurs enfants. Quand l'un d'eux disparaît, on est sincèrement attristé. Et on assiste en simple spectateurs à la déchéance de cette amitié si parfaite. N'attendez pas de passages sanguinolents ou de l'action à l'américaine. Non, ici il est question de psychologie des personnages. Tout repose sur cela. La psychologie des personnages, et leur chute, est le point central du roman. Et vous vous ennuyez pas une seconde tant les personnages sont épais et construits avec talents. Alors que certains sombrent dans la folie, cette chute reste logique et crédible. On n'est pas en face à des monstres mais à des humains qui ont perdu le sens commun de la raison.
Alors que tout semble suivre un chemin bien droit, Barbara opère un changement de direction auquel on ne s'attend pas. Un tournant à 180° qu'elle prend pour mieux nous détourner de l'objectif qu'elle veut atteindre. Au final, plus le roman avance, moins on se pose de questions. On se laisse porter par le courant sans chercher à anticiper! Et on est d'autant plus surpris par les évènements. 
Ce roman vous prend aux tripes jusqu'à la dernière ligne. Du grand art!

Catherine Fradier - L'Agence de sécurité économique

     Début janvier est sorti le second tome de la série de l'ASE en poche aux éditions Pocket. Du coup, j'ai voulu revenir un peu sur ce diptyque de Catherine Fradier en regroupant les deux ouvrages dans un dossier. Ils ont été pour moi un très gros coup de coeur que je relis avec plaisir à chaque fois.

Cristal Défense
"Cristal défense" est l'étape ultime du secret d'État. C'est très simple: le rapport est écrit, lu par le supérieur direct puis il est cloisonné dans un coffre. Il est rare d'un tel stade soit atteint. Seules affaires très sensibles, et celles qui ne devraient même pas exister sont tamponnées de ce cachet. Et parmi celles-ci, il y a les dossiers traités par Éléonore de Coursange, dite Léo, et son équipe. Ils forment l'Agence de sécurité économique. Il s'agit d'une agence, née des services secrets français, dont l'objectif est de sauvegarder les intérêts des entreprises capitales pour l'économie française.

Et ce jour, Léo a entre les mains un dossier qui l'étonne un peu. Il est question des intérêts économique de la société Aristee. Seulement, cette société spécialisée dans les semences et les engrais est américaine. Certes, elle a un partenariat d'envergure avec l'état français mais il est inhabituel de protéger les intérêts étrangers. Elle poursuit la mission et tombe certains secrets qu'ils n'auraient pas dû révéler. Les serres du piège se referment sur chacun d'eux tout doucement mais sûrement. Ils sont chacun leur propre quête, et leurs propres démons. Mais lorsqu'OGM, crise alimentaire et peurs personnelles se rencontrent, la situation est explosive. Et le résultat va en laisser sur le carreau.

Récent roman de Catherine Fradier, Cristal Défense est surtout symptomatique d'une nouvelle écriture française.
Je m'explique. Avec ce thriller, l'auteur nous pond une œuvre à l'écriture américaine du point de vue télévisuelle. En effet, les auteurs des scenarii des séries américaines sont une école qui n'existe pas en France. Regardez les séries policières made in TF1 et vous comprendrez ce que je veux dire. On y voit une certaine linéarité. Alors que chez nos voisins outre-atlantique, on cultive les intrigues multi-couches: une intrigue principale et des secondaires qui courent tout le long de la saison. Du coup, vous avez plusieurs lectures possibles d'un épisode. Ici, c'est la même chose: une intrigue principale concentrée sur Aristee, et des secondaires centrées sur les personnage du premier cercle de l'équipe. Et aucune ne se superpose à l'autre. Et ce, jusqu'au twist final.

En plus de ce côté littéraire pur, vous retrouvez avec cet ouvrage l'aspect politique de l'œuvre de Catherine Fradier. Pour vous donner une idée, vous remplacez Aristee par Monsanto et le côté réel de l'historique de la société est rétabli. De la même façon, elle nous plonge dans un monde assez effrayant par rapport à l'information et aux services secrets. Mais c'est notre monde comme il est dit sur la quatrième de couverture. Et c'est le talent de l'auteur: à travers une histoire inventée, elle nous plonge dans une réalité opaque glauque. Mais c'est la vérité.


La face cachée des miroirs
        Il y a dix-huit mois, l'Agence de sécurité économique est démantelée sous l'accusation d'espionnage pour l'ennemi. Mais la vérité est toute autre, elle s'est tout simplement approchée de trop près d'un conglomérat européen, l'Institut européen d'analyse et perspective, en relation avec les hautes sphères étatiques. Les agents de l'ASE étaient une menace, ils ne le sont plus. Deux sont aux arrêts pour contraindre Léo, chef de l'ASE, de se tenir tranquille. Igor est parti en Russie et Karl est en prison à Fleury-Merogis pour pédophilie.

Léo a compris le message, elle se tient tranquille et laisse les têtes en paix. Mais elle ne cesse de penser à une image. La dernière de l'ASE, le visage de sa fille disparue depuis plus de dix ans. Elle est vivante, elle le sait mais elle ignore où elle est. Elle a alors ouvert une agence d'investigation économique. Les clients sont là et les risques aussi. Elle est sur écoute pour éviter qu'elle ne s'occupe de ce qui la concerne pas.
Mais des agents d'une force étrangère viennent la voir pour lui faire la démonstration du soutien qu'elle peut espérer. Première preuve: la libération d'Eric et Latifa qui sont retenues par les services secrets français. Puis, libération par la voie légale de Karl. 
Les cartes sont distribuées et la donne ne sera pas renouvelée. Éléonore de Coursange s'attaque pour la seconde fois à l'Institut européen. Et cette fois, il n'est plus seulement question de justice mais de vengeance. 

L'année précédente, Cristal défense avait donc été mon gros coup de cœur. J'avais été très agréablement surpris par le style et l'écriture. Une écriture qui sortait totalement des canons européens. 
Ici, on revient à une écriture plus linéaire. Mais c'est bien obligé puisque Léo est la seule survivante de l'ASE. Tous les autres héros de la précédente saison sont emprisonnés ou disparus de la circulation d'une façon ou d'une autre. Du coup, Catherine Fradier prend ses lecteurs à revers en changeant totalement son fusil d'épaule. Alors que, pour le premier, elle alternait les points de vue des personnages, elle choisit ici de suivre Éléonore de Coursange au pas. Elle est présente dans toutes les scènes du roman. Et le challenge est réussi puisqu'il n'y a pas de latence ou d'ennui. Les évènements tiennent en haleine le lecteur et le surprenne pour garder son attention. On n'a qu'une hâte: connaître la conclusion pour avoir enfin le fin mot de l'intrigue concernant la fille de Léo. 
On retrouve tous les personnages que l'on a aimé dans le premier volume, et on y découvre d'autres. De nouvelles intrigues viennent se lier à la principale, et les happy-ends ne sont pas forcément au rendez-vous. Surtout, ce tome est bien la fin du diptyque. Mais on nous promet une saison trois. Alors j'ai hâte de voir les nouvelles intrigues.

Ian Fleming - Goldfinger

Je pense que vous connaissez tous James Bond, au mois de nom, non?...
Aaaahhhh... Je suis rassuré! Et bien évidemment, vous savez qu'Ian Flemming a tout inventé de son personnage en quatorze romans. Goldfinger est le septième volume des aventures de notre espion préféré. Oubliez un peu les films et concentrez vous sur ce qui suit!

James Bond est à l'aéroport et se remet de sa dernière mission. Il a du user de son permis de tuer. Et c'est jamais un plaisir. Même s'il sait que c'était lui ou son assaillant, c'est difficile à avaler. Un homme, un trafiquant de drogue soit, est mort. Alors quand une vieille connaissance l'invite à manger. Il accepte, même si rien n'est gratuit. Il le devine aisément. En effet, son hôte en profite pour lui demander un service. Il le sait bien malin alors est-ce qu'il pourrait observer un de ses adversaires au carte. Il est persuadé qu'il perd mais il n'arrive pas à comprendre comment. C'est tout de même de sacré somme en jeu. Perdre? oui pourquoi pas? Perdre en trichant? Ah ça non!!!! C'est la première rencontre entre Aulric Goldfinger et James Bond

Et ça tombe bien. Il reçoit la mission de sa hiérarchie d'enquêter sur ce riche industriel d'origine allemande. Homme le plus riche en or du Royaume-Uni, il est suspecté de s'adonner au trafique d'or pour le compte du SMERSH, service de contre-espionnage de l'URSS. La partie est lancée entre les deux hommes. Bond va trouver un adversaire à sa mesure. Et cette mission ne va pas être simple pour 007.

On a tous en tête la chanson du générique du film de 1964, et cette image d'une femme peinte en or. Et morte par suffocation vu que les pores de la peau sont obstrués par la peinture. Hé bien, gardez cette image parce qu'elle colle pas mal au roman. En effet, le film est assez fidèle au roman. Même le personnage de Bond séducteur et aventurier existe déjà dans le roman. Il y a juste cette épaisseur dont je parlais tout à l'heure. On a jamais vu au cinéma un Bond dans le remord et la réflexion sur sa mission d'espion. Ce roman commence directe avec une introspection qui donne une épaisseur insoupçonnée au personnage. 
La construction du roman suit une citation d'Aulric Goldfinger. Il est découpé en trois parties, qui suivent les trois rencontres de Bond et Goldfinger. Et donc comme le dit ce dernier:
Monsieur Bond, les gens de Chicago ont un proverbe qui dit ceci : la première rencontre est un concours de circonstances, la deuxième une coïncidence, la troisième une déclaration de guerre.
Et nous, lecteurs, nous assistons avec ravissement à ces trois rencontres. Ian Fleming est un formidable page-turner. On ne fait que ça, tourner les pages. Dès qu'un chapitre est fini, on veut enchaîner avec le suivant. J'ai commencé ce roman par hasard en fouillant dans les romans de mon père encore présents chez ma grand-mère. Et j'ai pris mon pied! Et ce, à tel point que j'envisage de m'acheter l'intégrale des quatorze romans James Bond. 

Franck Thilliez - Atom[KA]

Petit rappel des évènements précédents (avec des spoilers possibles): Lucie Hennebelle et Franck Sharko ont connu des drames successifs et ont compris la nature de la violence humaine. Elle est congénitale à l'espèce humaine. Ils ne sont pas sortis indemne de l'affaire dite "Gataca". Cerise sur le charnier, Lucie a perdu ses jumelles. Cette souffrance s'est traduite par une perte de sa raison. Son affectif de mère a tenté de sauver l'esprit en ménagent le coeur. Mais elles sont mortes touts les deux. Et elle est seule... Enfin presque, avec Sharko, une autre âme meurtrie, ils se sont trouvés une communion. L'Amour a sauvé de la Folie ces deux âmes en errance.
Pas le temps de se reposer, une autre affaire leur tombe dessus. Un journaliste spécialisé dans les faits divers est retrouvé mort dans son congélateur. Il semble, selon premières analyses, qu'il y a été enfermé vivant après tortures. La folie refait surface. Les indices et leurs investigations les amènent à chercher une amie journaliste, grand reporter. Elle a disparu lors d'une enquête sur un sujet qui promet d'être explosif. Mais personne ne trouve trace d'elle, et de ses notes. Sur quoi elle enquêtait? Quel obstacle l'a définitivement fait taire?
La seule piste que trouvent nos deux flics est son nom sur un papier dans la poche d'un jeune garçon dans un état pitoyable. L'ensemble de ses organes est comme vieux et hors d'usage. Comme empoisonné par le plomb ou une autre pollution chimique. Tout est vague, et rien ne se précise. Juste des pistes qui se renouvellent, et des meurtres qui continuent. Et si la solution se trouvait dans un passé récent. Dans un passé où une explosion a changé la face du monde, et de la vision du nucléaire. Et si la réponse était atomique? L'ombre de Tchernobyl plane sur nos deux êtres blessés.
Pendant ce temps, Sharko croise le fer avec son passé. L'addition va être réglée  et le futur repartira sur de nouvelles bases. Le souvenir de l'Ange Rouge est proche. Il est temps d'effacer l'ardoise.

Un nouveau roman de Franck Thilliez est toujours un évènements. Il faut être franc. Si certains auteurs ont perdu pour moi leur aura, l'écriture de Franck a toujours eu ce charisme qui me fait tout stopper pour la lire. En plus, ce roman est la suite des aventures de ces deux flics, Lucie Hennebelle et Franck Sharko. C'est quand même le septième avec ces personnages. Hé oui! Il y eut deux avec Sharko seul. Et deux avec Lucie seule. Et les avoir réunis donne une nouvelle synergie à l'ensemble. 
On retrouve donc nos deux protagonistes après les événements du Syndrôme [E] et [Gataca]. L'une a tout perdu tandis que l'autre a retrouvé une humanité qu'il pensait perdue. Mais la donne n'est pas si simple. Et on s'en rend compte dès les premières pages. Ils veulent reconstruire une famille, et une vie calme. Mais, pour cela, les ardoises doivent être liquidées. Et Sharko a un sacré bagage. Une ombre le suit depuis les précédents romans. Et la confrontation va avoir lieu ici et maintenant!
Par conséquent, Franck nous dresse une carte au trésor vers cette ombre en longeant les aventures précédentes de notre commissaire. Il en évoque les intrigues et les assassins mais sans jamais en dévoiler l'identité. Du coup, vous avez de (re)lire ces romans et les surprises y sont totales. Du grand art je vous dis. Et cette ombre nous suit tout le long du roman sans jamais prendre le dessus sur l'intrigue principal. Sur ce point, je trouve que l'auteur a passé un cap. Il est aujourd'hui capable de créer un tout cohérent avec plusieurs enquêtes en parallèle et des personnages qui ont leur propre vie, indépendante de l'enquête proprement dite. 
Son style reste simple, sans fioritures. Pas de figure de style lourdingue qui ralentit l'action. On va droit au but tout en vulgarisant des informations très complexes. Comme d'habitude, on apprend beaucoup de choses avec ce roman, notamment sur le nucléaire et la catastrophe de Tchernobyl. Vous ne sortirez pas indemne de ce thriller. Il vous emportera dans les méandres de la cupidité et de la folie humaine. On revient à cette Folie qui semble être un fil conducteur dans l'oeuvre de Franck. On en redemande!... 

Jérôme Delafosse - Les larmes d'Aral

          Sinead McKeown est grand reporter de guerre. Irlandaise, elle souffre de voir son pays en cette année 1994 détruit par le conflit entre catholiques et Protestants, entre l'IRA et l'Angleterre. Mais son passé douloureux est loin derrière elle. Elle a un mari, grand reporter également, et un enfant va compléter la famille sous quelques mois. Il suffit d'un instant, d'une seconde, d'une explosion pour que tout s'écroule. Sa maison explose alors que son mari est dans la maison. Elle est elle-même soufflée par l'explosion alors qu'elle est à l’extérieur. En une seconde, elle perd tout. Son mari et son enfant pas encore né. Elle veut mourir à son tour. Elle n'a plus rien. Le Destin va lui offrir une chance de vivre en lui faisant découvrir une boite dans ses ruines. Son mari n'est après tout peut-être pas mort accidentellement...
Elle cherche, elle dérange, elle finit par être chassée par toutes les polices du pays pour le meurtre de son mari. Ils se trompent tous, mais elle n'a rien pour prouver la moindre trace d'idée. Elle ne sait qu'une chose: elle n'y est pour rien. Et c'est leitmotiv qui la guide.
En même temps, en Fance, Raphaël Zeck, jeune flic du 36 quai des Orfèvres et son adjoint Drago, dit le Serbe, sont chargés d'enquêter sur un drôle de fait divers. Un homme à moitié nu a été pris en chasse par la BAC. La poursuite s'est finie par la disparition du fou mais son corps irradie de relents radioactifs. Très vite, les policiers qui s'en sont approchés meurt dans des circonstances étranges et très rapidement. Raphaël est saisi conjointement avec la DST. La collaboration est difficile et inégale. Ils ne courent pas le même lièvre, et ne protègent pas les mêmes brebis. Les loups sont lâchés dans un labyrinthe où les secrets défense se mêlent aux embuscades des alliés soi-disant. La vie de Zeck va se compliquer en un instant. Et il n'a pas encore rencontré Sinead.
Ensemble, il vont chercher à comprendre comment la peur des hommes et leur folie a pu rendre possible l'écoulement des larmes d'Aral.

J'avais lu à sa sortie, il y a six ans déjà, Le cercle de Sang du même auteur. J'avais bien aimé le style de l'auteur. Et ce même s'il manquait un peu de maturité.
Et là, quelle surprise!!! Jérôme Delafosse nous livre un roman complexe et captivant. Il nous plonge dans l'Europe de 1994 qui est en pleine (re)construction. L'Irlande n'est qu'un vaste champs de bataille où les soldats de l'Ira se battent contre l'armée britannique à coups de bombe et d'attentat. L'URSS a éclaté en laissant des républiques en état de mort avancé où les mafias ou autres belligérants armés ont pris le pouvoir avec les moyens colossaux qu'ont laissés les hauts dignitaires russes. Dans ce chaos  où les vieilles nations comme la France ou l'Italie ne sont pas en reste, Jérôme nous pond une chasse aux indices en nous baladant à travers plusieurs styles. En effet, on commence comme un bon vieux thriller, pour passer à un roman d'espionnage puis de revenir au thriller mais dans une toute autre direction.
Pas à un moment, vous pouvez deviner où il vous emmène en commençant le roman. Dès les premières lignes, on rentre dans le vif du sujet avec l'attentat dont est victime Sinead. Par conséquent, on s'attache à elle dans un état de faiblesse très avancé. Mais on a jamais pitié d'elle. Elle nous prend par la main pour suivre sa quête. Et on la suit bien volontiers. Puis quand on arrive aux passages avec Raphaël, on est un peu décontenancé. Un véritable décalage se crée entre les deux intrigues. La curiosité du lecteur est titillée. Puis une des intrigues est stoppée nette! Et là, c'est un coup de force de l'auteur, il promène son lecteur sans s'inquiéter de le perdre ou non. Et le lecteur apprécie de devoir s'accrocher parce qu'il sent que la chute sera à la hauteur du récit. Et elle l'est
Un très très bon thriller. Laissez-vous porter par les mots. E vous y gagnerez un super moment de lecture. 

Jim Tenuto - La rivière de sang

"Bonjour, je me nomme Dahlgren Wallace. Je suis guide de pêche dans le Montana. Ma profession consiste tout simplement à apprendre à des hommes riches et puissants à pêcher à la mouche et à les mener dans des coins faits pour. Et j'ai la chance d'exercer dans un cadre d'Eden pour pêcheur: une rivière sauvage en plein Montana, ouest du continent américain, sur une propriété privée. celle de mon patron Fred Lather, un millionnaire qui a fait fortune dans le divertissement. Je me plains pas, je travaille et gagne ma vie en faisant ce que j'aime. Y a plus malheureux!...
Je n'ai pas toujours été pêcheur hein? J'ai servi mon pays également en Irak dans la reconnaissance. Avec mon unité, on allait au devant des troupes pour quadriller le terrain. Quand je suis rentré au pays, je ne pouvais plus jouer au football à cause de mon accident. On m'a parlé de ce job, il m'a plu et j'ai commencé doucement. Puis Fred Lather m'a appelé lorsqu'il a acheté le plus grand ranch de l'Etat. J'ai sauté sur l'occasion. et je ne m'en suis pas plains jusqu'à ce jour où mon client, un invité de Fred, est mort pendant que l'on était ensemble.
Je suis un coupable tout désigné. Quoique entre les néo-nazis de bas étages, les écolos terroristes et légèrement nazillon eux aussi quand ils s'y mettent, et les voisins de Fred qui arrivent pas à avaler qu'un étranger ait acheté autant de terres, la liste des suspects cessent pas de s'allonger. Et voilà que le FBI me fait comprendre que ce serait pas mal que je me serve de mes relations de bon voisinage avec tout ces hurluberlus pour piger ce qu'il s'est passé. Je suis même pas sûr que ça ait un rapport avec les bisons de Fred qui se font empoisonner. La coïncidence serait grosse, mais il faut être prêt à tout..."

Dahlgren est le héros de ce roman où la pêche à la mouche est à la fête. 
Pourtant, si vous n'êtes pas passionné ou intéressé par ce sport, restez ici tout de même. Moi non plus, la pêche n'est pas ma passion, mais ce roman m'a enthousiasmé à sa lecture. Vous assistez à un défilé de paysages extraordinaires comme les Etats-Unis peuvent nous en offrir. Des rivières sauvages et de grandes plaines sont le décor de ce polar où les personnages sont rois. Je vous assure que l'on croise de sacrés originaux dans ces parages
Le personnage principal, notre ami Dahlgren, nous narre cette histoire avec mordant et intérêt. Le pauvre est le centre de toutes les attentions, et pas les plus douces. Suite à ce décès, les vautours qui veulent ce terrain si convoité se réclament la paternité du meurtre. Il s'en suit une galerie de portraits truculents où les traits ne sont pas forcés. Juste ce qu'il faut. Au résultat, on rigole, voire on sourit. Tout en cherchant à démêler le faux du vrai dans cette histoire.
Un jeu de pistes où on plaint le héros, mais on est content qu'ils vivent ces désagréments. Parce qu'à l'inverse, nous n'aurions pas pu lire ce très bon roman! J'ai passé un super moment avec ce polar. Vous vous laisserez porter pour votre plus grand plaisir. C'est un polar d'ambiance où les personnages nous chantent une partition plaisante. 

Sous peu, je vous offre la chronique de Goldfinger d'Ian Fleming. Et celle de la dernière sensation française en matière de thriller, Les larmes d'Aral de Jérôme Delafosse. Du lourd donc... 

Marcus Malte - Il est mort le poète

France, quatre mois avant des élections présidentielles. 
Antoine Simiac est en tête des sondages, loin devant les autres candidats. A 38%. Il est le représentant de l'opposition. Il a un surnom, donné par ses partisans. Il est Le Poète parce qu'il se laisse porter par ses mots dans ses discours. Il se laisse emporter par ses envolées lyriques. La présidence lui est promise. C'est chose sûre, presque trop pour les membres de son parti.
Qu'un homme jeune et charismatique harangue les foules pour le parti. Les éléphants du parti sont bien évidemment pour. Mais qu'il se détache de la stratégie édictée par eux, il ne faut pas trop pousser. Et puis, rien ne dit que le peuple ne votera pas pour son successeur s'il disparaît... disons.. abruptement. C'est une hypothèse qu'il faut tenter. Ils trouveront bien dans leur parti un jeune loup à manipuler, plus qu'il n'y arrive avec le poète. Et puis de poète à martyr, il n'y a qu'un pas en politique...
Les choses sont décidées et le Sénateur, grand chef d'orchestre, prend ses dispositions. Les élections sont gagnées et le tueur arrêté. L'histoire s'arrête là... Mais elle reprend à la sortie de prison du tueur à gage, quand il rencontre sa fille. 

Il est mort le poète de Marcus Malte est, comme Le 7 de carreau de Christian Roux ou encore Fractale de Marin Ledun, une pièce de théâtre radiophonique diffusée sur France Culture, dans l'émission Mauvais Genres.
Ici, à travers le prisme de deux personnes qui se retrouvent, nous vivons les coulisses de la politique et de ses pires machinations. Un candidat quitte le rôle de simple marionnette pour se prendre plus au sérieux et croire à ce qu'il raconte à ses électeurs. Mais une marionnette qui ne sert plus les desseins du marionnettiste, devient inutile voire dangereuse. La solution est évidente: il faut s'en débarrasser et en trouver une autre plus docile. 
Marcus Malte, lui, nous dessine une chute inexorable de ceux qui veulent agir véritablement. Que ce soit à travers le personnage du Poète, ou du tueur à gage. Nous avons là deux personnages qui veulent chacun de leur façon changer leur nature et celle des gens qui les entoure. Et ils n'arrivent à rien. Les vieux démons l'emportent toujours. Une vision défaitiste? Pas forcément. Il nous décrit tout cela avec une verve qui nous donne espoir. Oui, ce sont toujours les mêmes qui gagnent. Toutefois, il y en aura toujours pour essayer de changer les choses.  Donc, cette pièce de théâtre est avant tout pour moi une ode aux marginaux qui agissent et non pas un chant du cygne de l'espoir.
Faites la recherche de la pièce sur le site de France Culture. Le texte gagne une nouvelle force quand il est dit par des comédiens! 

Karine Giebel - Juste une ombre

Karine Giebel s'est fait un nom dans le petit monde du polar français. Elle fait partie de cette nouvelle génération de femme qui n'hésite pas à mettre les mains dans le cambouis, et à prendre le lecteur à contre-pied. On sort du schéma (certes appréciable en tant que lecteur) Higggins-Clark ou Andréa Japp. Et dans cette mouvance, Karine a réussi à creuser sa place roman après roman. Elle s'est installée et n'est pas prête à partir. Et avec ce dernier roman, elle raffermit encore un plus son assise.
 Elle nous conte l'histoire de deux personnages: Cloé et Alexandre.
La première est une femme qui a réussi sa vie professionnelle. L'arrogance de cette réussite se dispute à son arrogance naturelle. Si vous êtes en-dessous d'elle, elle vous le fait sentir. Mais cette armure cache une petite fille qui a vécu des drames: un accident grave avec sa petite soeur, et un ex-mari violent entres autres. Mais elle considère qu'elle a dépassé tout cela et sans rien redevoir à personne. Elle s'est construite seule. Mais une Ombre commence à la suivre, à la harceler. Personne ne la croit, et tous la pensent folle. Après tout, on a déjà vu des  personnes plus équilibrées perdre les pédales à cause du stress professionnel. Et elle n'arrête pas. Pourtant, il y a bien quelqu'un... Mais quel est son objectif?...
Le second est flic. Il a fait de sa vie une mission: nettoyer sa ville des trafiquants et autres proxénètes. Alexandre fait mener la vie dure à ses hommes mais ils lui en veulent pas. Il sait toujours les complimenter lorsqu'ils ont fait du beau boulot. Un sourire suffit. Pour lui, montrer ses sentiments aux autres est une faiblesse. Alors, personne ne sait que son épouse est alité dans leur appartement transformé en chambre d'hôpital. Il subit mais il veut que nul ne s'en doute. Mais lorsque son épouse disparaît, il est désemparé. Il ne sait plus quoi faire. Plus d'objectif. Mais il croise Cloé au commissariat. Et pour une raison qui lui échappe, il s'intéresse à son histoire. Il la croit, mais il n'est peut-être pas le meilleur conseil en matière d'équilibre...

Ces deux personnages ont tout pour se détester. Mais une alchimie se crée tout de suite. Et c'est la force de Karine Giebel, elle arrive à rendre attachants des personnages qui ont tout pour être détesté des lecteurs. Je peux vous assurer que si vous croisez un personnage comme ces deux-là, ils seront pas forcément de prime abord, votre meilleur ami. Mais là, à travers les pages (que vous dévorerez au passage), vous vous attachez à eux et à leur faiblesse. Leur rencontre mutuelle vous rassure parce que vous comprenez vite qu'ils vont pouvoir compter l'un sur l'autre. Vous souffrez avec eux, vous vous sentez bien avec eux, vous êtes inquiets pour eux et avec eux.
L'intelligence de l'auteur est aussi d'être libre. Ce sont ses personnages, et elle en fait ce qu'elle veut. Nous nous sommes pas à Hollywood et l'happy-end pour tous n'est pas une règle. Les personnages, principaux ou secondaires, ne sont à l'abri de rien. Elle est totalement décomplexée de ce point de vue-là. Et ce pour le plus grand bonheur des lecteurs. En effet, lorsque vous remarquez ce fait, chaque page que l'on tourne est une surprise en soi. Une vraie réussite. Avec ce roman, vous rappellerez que la vie n'est qu'une succession de plage grise.
Après Les Cicatrices de Jac Barron, ce roman est encore une grosse claque qui me confirme mon envie de lire des auteurs français. Faites comme moi, et ne loupez pas ce roman-ci !

Christian Roux - Kadogos

Alors qu'est sorti le 02 mai dernier son dernier roman, L'homme à la bombe, j'ai envie de revenir sur le dernier roman de Christian Roux. Il est sorti en 2010 et se penchait sur les enfants-soldats et leur instrumentalisation. Une pépite comme d'habitude avec cet auteur qui manie les mots avec un sens politique indéniable.

Marnie est une tueuse professionnelle. Elle a été élevée par son père dans ce seul optique. Aujourd'hui, elle s'est spécialisée dans l'euthanasie. Elle met fin à des vies qui se terminent dans la douleur. Elle essaie de teinter d'empathie un job sans âme.
Eustache Lerne, lui, est un flic qui se bat contre le courant des choses. Il élève seul Tony, le survivant d'une précédente affaire. Tony a perdu sa mère qui l'enfermait dans un placard, il essaie aujourd'hui de se socialiser. Le combat est rude. Et Eustache tente de l'aider tout en essayant de se sortir de ses propres brouillards.
Les Kadogos sont ces enfants soldats des républiques africaines. Enfants des combats ethniques, leur existence a cessé le jour où ils se font enlevés par un clan ou autre. depuis, ils luttent eux aussi contre le courant de leur vie. Un courant semé de destruction et servitude. Ils sont sur le territoire français, et veulent récupérer les rênes de de leur destin. La confrontation entre Marnie, Eustache et eux va être dur. Et les dommages collatéraux nombreux.

La vie est parsemée de surprises et de rencontres qui changent la façon devoir les choses. Nos trois protagonistes vont en faire les frais. Si Eustache a rencontré Tony dans Placards, Marnie va faire ici la rencontre qui va lui lever ce voile qui lui obscurcit la vision. Elle vit dans un château d'ivoire mais brûle d'envie d'en sortir. Une jeune fille va l'aider à découvrir des plaisirs aussi simples que la musique. Enfin, les kadogos nous livre leur passé et nous font espérer pour leur avenir. Ils sont des paradoxes vivant sous des latitudes étrangères. On aurait vu de croire qu'ils sont d'un autre temps, mais ils sont d'aujourd'hui. Ils vivent en même temps que nous, sur la même planète.
Et Christian Roux a voulu pointer du doigt ces anachronismes. Nous vivons sur une planète où le meilleur côtoie le pire. Et ce roman de Christian est un condensé de ce qui nous entoure. Ses personnages nous ressemblent tous d'une façon ou d'une autre. Et quand c'est pas le cas, ils sont le symbole de ce qui nous dérange. Ils sont ces êtres que l'on ne veut pas voir. Après les SDF notamment, il nous pointe du doigt les enfants soldats. Mais il ne nous pond un roman bateau. Il les intègre dans une intrigue policière plus large.
Et puis, là, il joue avec la narration comme il n'a jamais osé avant. Il nous ballade dans les temps de narration et dans les points de vue. Donc on sait tout mais en décalé. Le résultat est un suspens fort et prenant. Et une réussite à nouveau. Christian Roux est un faiseur de scènes: il absorbe les personnages et les faits et en restitue le côté le plus humain. Donc un roman à lire tout de suite.

D'ici le week-end prochain, vous pourrez lire la chronique du dernier thriller de Karine Giebel. Un très bon roman paranoïaque.

Jac Barron - Les Cicatrices ( Trilogie des pulsions T. 1)


Des jeunes hommes disparaissent en plein Paris. Ce sont des marginaux qui ne sont connus que de peu de mondes. Ils font partie de ce monde de la nuit. Ils vendent leurs corps à d'autres hommes pour un peu d'argent. Leur disparition ne fait pas grand bruit. En revanche, leur réapparition, toute la police en parle. Ils ont été torturé mais sont toujours vivants. Peut-on vraiment parler de vie?...

Franck Marshall est un limier connu dans les services de Police. Il a déjà fait preuve de ses talents. Du coup, lorsque le chef de la police, Serge Miller, le met sur l'affaire, il compte bien que l'affaire soit rapidement réglée et en silence. En effet, les disparitions sont connues plus ou moins du public mais pas la découverte des jeunes hommes. Et ce fait doit rester secret. C'est un ordre. Il se lance dans l'enquête la tête embrumée par sa récente séparation d'Emily. Il n'a pas les idées claires mais il y va à corps perdu. Il croise sur sa route le psychanalyste Marc Dru.
Il est spécialisé dans les enfants maltraités. En ce moment, il travaille avec le jeune Lamy qui se mure dans le silence depuis les maltraitances qu'il a subi par son père. Il l'a traité littéralement comme un toutou. Marc sort de ses attributions pour enquêter ce père. Il rencontre en Franck, un homme torturé qui a besoin de son aide. Il mène les deux enquêtes de front. Mais il va être vite surpris par la tournure que prennent les choses...

J'ai connu Jac Barron différentes chroniques sur le net, et par Facebook où il est assez actif. Après discussions avec lui, j'ai décidé de me jeter dans la gueule du loup avec cette lecture. Je n'ai aucuns regrets. J'ai dévoré ce roman . La force de Jac n'est ci pas forcément l'histoire en tant que telle ( même si...) mais son traitement. Il prend un risque énorme en écrivant son histoire sous une narration multi-focale. Plusieurs personnages principaux se partagent la narration à la première personne. C'est vrai que c'est un brin déroutant au début. Il n'est pas aisé de suivre le déroulement. Puis, très vite, il arrive un évènement qui permet aux personnages principaux ( et au lecteur) de se focaliser sur le déroulement de l'intrigue.
Par cet artifice, on reçoit de nombreuses informations sur chacun des protagonistes. Et toutes ces infos nous baladent pour nous perdre quant à l'identité de notre chasseur. Et quand arrive, la chute, on ne s'y attend pas une seconde. Et c'est la claque!
Mais ce n'est pas le seul aspect fort du roman. On plonge littéralement dans la psyché des personnages. Vous devenez paranoïaque en vous demandant qui est qui? Et qui veut quoi? Les esprits sont malades et atteignent les corps. Cependant, il est bon de discerner le faux du vrai, et le fantasme de la réalité. Sinon vous allez tomber dans les bas-fonds du psychisme humain, et je peux vous avouer qu'il n'est pas reluisant.
Une simple question que je me suis posée à la fin de ce roman: De quoi est capable l'esprit humain quand il est confronté à la folie ambiante?...

Edgar Allan Poe - Double assassinat de la rue Morgue

On continue notre petit tour d'horizon des romans que l'on connaît tous. Ces piliers de la culture populaire. Aujourd'hui, on regarde en direction du roman qui a la réputation d'être le premier roman policier.

Deux femmes sont retrouvées mortes chez elle. Les crime sont atroces, et peu imaginables. Ces deux femmes étaient enfermées chez elles par l'intérieur, et il n'existait aucune autre sortie. Pourtant, il n'y a nul traces de l'assassin, si ce n'est les cadavres décapités et mutilés. Qu'a-t-il bien pu se passer?
Les témoignages divergent: deux voix étrangères aux propriétaires de la maison ont été entendues. Si une est bien française, l'autre est source de différence entre les témoins. Elle peut bien être russe, allemande, italienne ou espagnole. Impossible de savoir réellement. Mais une chose est sûre: personne n'a vu quelqu'un sortir. Le mystère est entier, et semble impénétrable. Mais pas pour tout le monde... Dupin qui a fait de l'analyse de son cheval de bataille est capable de deviner ce à quoi vous penser en suivant un cheminement logique. Il accepte le challenge.

Ah!... Ce livre est considéré comme le premier ouvrage policier moderne comme je vous le disais en introduction. Même le distingué détective Sherlock Holmes est inspiré de cet étrange M. Dupin. Enfin selon certaines théories... Et c'est vrai que l'on peut trouver des similitudes dans leur raisonnement. Mais cette nouvelle d'Edgar Allan Poe ne vaut-elle que par cet aspect historique? C'est la peur que j'ai eu en la lisant. La réponse s'en trouve être négative.
Ce récit est effectivement une pierre angulaire de l'histoire littéraire mais elle apporte également du plaisir à la lecture. On s'étonne à suivre le raisonnement à Dupin, et à écarquiller des yeux comme le fait son compagnon (qui est aussi le narrateur). La résolution de l'affaire est surprenante, mais quand il nous la raconte et explique, on la trouve logique. C'est du talent! Et puis c'est tout!
Avec cette nouvelle, il y avait La Lettre Volée et Le scarabée d'or. La première est également une aventure de Dupin. Quant à la dernière, il s'agit également d'une histoire de raisonnement pour résoudre une énigme, mais on sort du roman policier. Avec cette dernière histoire, on voit (si besoin il y avait) que Dan Brown et consorts n'ont rien inventé. Mais c'est dans les vieux pots que l'on fait les meilleures soupes, il paraît.

Gaston Leroux - Le mystère de la chambre jaune


Je continue de vous parler de ces classiques que tout le monde connaît, mais que peu ont lu. Et souvent, vous remarquerez que plus on en parle, moins on l'a lu. Mais bon... Passons... Parmi ces livres, vous pourrez notamment y trouver ceux de Gaston Leroux. Cet auteur, qui a été journaliste également, a connu un très beau succès de son vivant. Et ses romans vivent une seconde existence aujourd'hui.

L'intrigue du Mystère... est simple. Une tentative d'assassinat a lieu dans une grande maison. Le propriétaire de la masure, un scientifique, entend un cri provenant de la chambre où vient de se retirer sa fille. Il lutte pour rentrer dans la pièce. Il finit par y arriver avec l'intendant de la maison. Le mystère s'épaissit. Sa fille est seule et en piteuse état. Mais les fenêtres sont fermées de l'intérieure, et la seule porte était celle défoncée par les deux hommes. Mais comment l'assassin a fait?
Cette étrange affaire attire la curiosité de nombreux esprits. Et notamment, le jeune reporter Rouletabille. Esprit vif et aiguisé, il a déjà résolu l'affaire de la femme découpée en trouvant le pied où aucun policier n'est allé le chercher. Et puis, avec cette affaire, il pourra se mesurer au "grand Fred", le plus fin limier de la Sureté parisienne. Le défi des logiques est lancée.

Quelle claque je me suis pris! Je l'ai lu par pur curiosité, et j'en suis sorti tout ébahi. On y retrouve la logique deDupin de Poe, ou de Sherlock Holmes de Conan Doyle. Et tout ça dans le corps d'un bonhomme de 18 ans. C'est tout de même très bluffant, et on y croit. Du coup, on cherche à connaître la solution du mystère en exerçant nous-même notre propre logique. Si vous y arrivez, dites-le moi! Je serai enchanté de vous connaître!

De même, je retrouve ici la poésie propre à l'auteur. Poésie que j'avais découvert avec Le fantôme de l'Opéra. Là encore, une certaine mélancolie traîne dans les mots. Un petit quelque chose qui vous accroche et ne vous lâche pas. Ce petit quelque chose qui vous fait comprendre ce que ressent Rouletabille lorsqu'il sent le parfum de la dame en noire. Au passage, je vais me jeter sur la suite des aventures de Rouletabille. Mais je vais également de voir le film qui est tiré de ce roman.
Vous-même, lisez ce roman. Et vous l'apprécierez à sa juste valeur. Je vous le promets.