Je viens de vous présenter le roman de Jean-Marc Pitte. Voici les quelques mots que j'ai pu échanger avec l'auteur.
Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs? Et par la même, nous présenter votre premier roman
Bonjour, j'ai 45 ans, je suis journaliste depuis une vingtaine d'années et j'ai principalement travaillé pour France 3 ou j'occupe actuellement la fonction de grand reporter au service étranger de la rédaction nationale. J'ai publié précédemment deux ouvrages avec des co-auteurs: "11 septembre, la grande guerre des Américains" avec l'historien Bruno Cabanes et "L'ascenseur social est en panne, j'ai pris l'escalier" avec le chef d'entreprise Aziz Senni. "Gueule d'ange" est mon premier roman. Il raconte l'histoire d'un enfant de 14 ans qui tue sa mère, son père, son petit frère et blesse gravement sa soeur.
2. Pourquoi s'être intéressé à cette histoire? Est-ce le côté "normal" des choses? Je veux dire par là que Paul sort des stéréotypes. C'est un enfant ayant une adolescence compliquée et un peu violente. Mais rien ne semblait dessiner ce massacre. De premier abord en tout cas.
C'est exactement ça! La normalité de cette famille m'a semblé constituer une démonstration: les actes monstrueux ne sont pas, et loin de là, seulement commis par des monstres. Nous sommes tous potentiellement capables du pire. Mais la majorité d'entre nous a dans la tête le verrou qui l'empêche de passer à l'acte. Chez certains, le verrou dysfonctionne.
3. Du coup, pourquoi avoir finalement opté pour une version romancé de l'affaire?
J'ai écrit au garçon impliqué dans le fait divers dont je me suis inspiré. Il m'a répondu par courrier également en m'indiquant qu'il accepterait volontiers de témoigner. Puis l'adminsitration pénitentiaire s'est dressé entre lui et moi. On m'a clairement expliqué qu'on ferait tout pour le décourager de collaborer à mon projet...et je n'ai plus jamais eu de nouvelles de Pierre. Je suis parti vivre à l'étranger mais l'histoire a continué de m'y poursuivre. C'est à New York que j'ai ressenti l'urgence d'écrire ce roman.
Que s'est-il passé à New York pour que vous ressentiez cette urgence d'écrire ce roman? Pourquoi ressentir cette urgence alors que vous êtes à des milliers de kilomètres?
Il ne s'est rien passé à New York. Simplement, j'ai senti qu'il était temps pour moi de passer au roman, que j'étais prêt. Et comme je ne voulais pas abandonner cette histoire, tout était lié.
4. Ce roman est écrit à la première personne, c'est une véritable immersion dans la peau de Paul. L'avez-vous rencontré?
Comme je vous l'indiquais ci-dessus, je lui ai seulement écrit. Mais j'ai rencontré des gens qui le connaissaient bien: avocats, professeurs, élus locaux...
5. Vous avez vécu ce drame de l'intérieur. Et justement en tant que journaliste, que pensez-vous de cette attitude conservatrice qui met la responsabilité de tels faits sur les médias (cinéma, jeux vidéo...)?
Je ne veux pas rejeter la responsabilité des médias en général mais dans le cas de mon personnage, je la juge quasiment nulle.
6. Dans le roman, vous glissez une réflexion sur l'hypocrisie du floutage des mains des présumés coupables au lieu de ne pas montrer ces images tout simplement. Les médias sont-ils sur ce genre de problème un royaume hypocrite? A celui qui en montre le plus tout en ne montrant pas l'interdit?
Dans ce cas, ce ne sont pas seulement les médias qui sont hypocrites, ce sont également ceux qui veulent leur imposer des règles de fonctionnement comme le CSA ou l'état...Des règles sont nécessaires pour la protection de la présomption d'innocence par exemple mais celles qui ont été édictées ne sont pas forcément les bonnes.
Quant aux règles édictées par le CSA, si elles étaient plus sévères, n'aurait-on pas crier "A la censure"? Après tout, les médias ne devraient-ils pas faire preuve de réflexion et ne pas passer ces images? Ce serait plus simple et moins problématique pour les personnes concernées.
Pour ce qui est des menottes cachées, je crois réellement que ça n'a aucun sens: la seule solution serait effectivement d'avoir l'obligation de parler aussi des personnes mises en examen quand elles ont été lavées de tout soupçon.
7. Au niveau lecture, quel est votre genre de prédilection en général? Vos derniers coups de cœur?
Le roman est mon genre de prédilection depuis que j'ai 16 ans presqu'à l'exclusion de tous les autres. Dans mon panthéon personnel, il y Maupassant, Stendhal, Céline mais aussi, plus récemment Annie Ernaux, Paul Auster, Philip Roth, Sylvie Caster, Olivier Adam, Nicolas Fargues et j'adore la littérature haïtienne: Jacques Stephen Alexis, René Depestre mais aussi Lyonel Trouillot et Dany Laferrière dont les deux derniers ouvrages, rexpectivement "Yanvalou pour Charlie" et "L'énigme du retour" sont mes deux derniers coups de coeur.
8. Pour vous, qu'est-ce que l'Art de Lire?
L'art de lire, c'est admettre les questions en acceptant de vivre sans toutes les réponses. C'est accepter de continuer éternellement d'apprendre sans ignorer que le savoir absolu n'est jamais au bout.
Bonjour, j'ai 45 ans, je suis journaliste depuis une vingtaine d'années et j'ai principalement travaillé pour France 3 ou j'occupe actuellement la fonction de grand reporter au service étranger de la rédaction nationale. J'ai publié précédemment deux ouvrages avec des co-auteurs: "11 septembre, la grande guerre des Américains" avec l'historien Bruno Cabanes et "L'ascenseur social est en panne, j'ai pris l'escalier" avec le chef d'entreprise Aziz Senni. "Gueule d'ange" est mon premier roman. Il raconte l'histoire d'un enfant de 14 ans qui tue sa mère, son père, son petit frère et blesse gravement sa soeur.
2. Pourquoi s'être intéressé à cette histoire? Est-ce le côté "normal" des choses? Je veux dire par là que Paul sort des stéréotypes. C'est un enfant ayant une adolescence compliquée et un peu violente. Mais rien ne semblait dessiner ce massacre. De premier abord en tout cas.
C'est exactement ça! La normalité de cette famille m'a semblé constituer une démonstration: les actes monstrueux ne sont pas, et loin de là, seulement commis par des monstres. Nous sommes tous potentiellement capables du pire. Mais la majorité d'entre nous a dans la tête le verrou qui l'empêche de passer à l'acte. Chez certains, le verrou dysfonctionne.
3. Du coup, pourquoi avoir finalement opté pour une version romancé de l'affaire?
J'ai écrit au garçon impliqué dans le fait divers dont je me suis inspiré. Il m'a répondu par courrier également en m'indiquant qu'il accepterait volontiers de témoigner. Puis l'adminsitration pénitentiaire s'est dressé entre lui et moi. On m'a clairement expliqué qu'on ferait tout pour le décourager de collaborer à mon projet...et je n'ai plus jamais eu de nouvelles de Pierre. Je suis parti vivre à l'étranger mais l'histoire a continué de m'y poursuivre. C'est à New York que j'ai ressenti l'urgence d'écrire ce roman.
Que s'est-il passé à New York pour que vous ressentiez cette urgence d'écrire ce roman? Pourquoi ressentir cette urgence alors que vous êtes à des milliers de kilomètres?
Il ne s'est rien passé à New York. Simplement, j'ai senti qu'il était temps pour moi de passer au roman, que j'étais prêt. Et comme je ne voulais pas abandonner cette histoire, tout était lié.
4. Ce roman est écrit à la première personne, c'est une véritable immersion dans la peau de Paul. L'avez-vous rencontré?
Comme je vous l'indiquais ci-dessus, je lui ai seulement écrit. Mais j'ai rencontré des gens qui le connaissaient bien: avocats, professeurs, élus locaux...
5. Vous avez vécu ce drame de l'intérieur. Et justement en tant que journaliste, que pensez-vous de cette attitude conservatrice qui met la responsabilité de tels faits sur les médias (cinéma, jeux vidéo...)?
Je ne veux pas rejeter la responsabilité des médias en général mais dans le cas de mon personnage, je la juge quasiment nulle.
6. Dans le roman, vous glissez une réflexion sur l'hypocrisie du floutage des mains des présumés coupables au lieu de ne pas montrer ces images tout simplement. Les médias sont-ils sur ce genre de problème un royaume hypocrite? A celui qui en montre le plus tout en ne montrant pas l'interdit?
Dans ce cas, ce ne sont pas seulement les médias qui sont hypocrites, ce sont également ceux qui veulent leur imposer des règles de fonctionnement comme le CSA ou l'état...Des règles sont nécessaires pour la protection de la présomption d'innocence par exemple mais celles qui ont été édictées ne sont pas forcément les bonnes.
Quant aux règles édictées par le CSA, si elles étaient plus sévères, n'aurait-on pas crier "A la censure"? Après tout, les médias ne devraient-ils pas faire preuve de réflexion et ne pas passer ces images? Ce serait plus simple et moins problématique pour les personnes concernées.
Pour ce qui est des menottes cachées, je crois réellement que ça n'a aucun sens: la seule solution serait effectivement d'avoir l'obligation de parler aussi des personnes mises en examen quand elles ont été lavées de tout soupçon.
7. Au niveau lecture, quel est votre genre de prédilection en général? Vos derniers coups de cœur?
Le roman est mon genre de prédilection depuis que j'ai 16 ans presqu'à l'exclusion de tous les autres. Dans mon panthéon personnel, il y Maupassant, Stendhal, Céline mais aussi, plus récemment Annie Ernaux, Paul Auster, Philip Roth, Sylvie Caster, Olivier Adam, Nicolas Fargues et j'adore la littérature haïtienne: Jacques Stephen Alexis, René Depestre mais aussi Lyonel Trouillot et Dany Laferrière dont les deux derniers ouvrages, rexpectivement "Yanvalou pour Charlie" et "L'énigme du retour" sont mes deux derniers coups de coeur.
8. Pour vous, qu'est-ce que l'Art de Lire?
L'art de lire, c'est admettre les questions en acceptant de vivre sans toutes les réponses. C'est accepter de continuer éternellement d'apprendre sans ignorer que le savoir absolu n'est jamais au bout.
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