Jean-Marc Fedida - Le procès Capone

Je pense qu'il n'est pas besoin de présenter Alphonse Capone, dit Al Capone ou encore Scarface. De nombreux films nous l'ont présenté sous son jour le plus glorieux. Mais on parle peu de sa chute. Les incorruptibles d'Eliott Ness nous en donne bien sûr une version, qui est retravaillée dirons-nous. On sait du coup qu'il est tombé pour fraude fiscale sans que jamais il soit question des assassinats qu'il a pu commanditer. Et dont tout le monde connaissait la paternité. Comme une vaste hypocrisie. Mais pas tant que ça finalement.
Al Capone a dirigé une entreprise fleurissante qui ne faisait que vendre aux américains ce qu'ils désiraient, et ce que l'Etat d'alors leur refusait avec l'ère du Volstead Act érigeant en loi les principes puritains de la Prohibition. Ils vendaient de l'alcool, des jeux et des femmes. Des plaisirs simples. Mais il ne faisait pas bon d'être contre lui. Mais les meurtres commandités ne pouvaient jamais lui être reliés. Il était malin. Cependant, il s'est fait un ennemi impitoyable qui ne lâche pas sa prise. Il a osé se moquer de l'Etat et de ses lois. Peu importe presque les meurtres, il faut punir ce loup qui renie les principes érigés par le tout puissant Etat. Il faut mécanique propre. Il est riche, très riche. Tout le monde le sait. Mais aucune déclaration d'impôt n'est jamais rempli par cet immigré italien. Il vit rubis sur ongle mais ne gagne rien?... 
La machine est lancée. Elle est presque risible quand on voit le passif qu'il a. Mais elle est implacable. Il va payer et passer du statut de légende nationale (il existait des pièces de théâtre vantant ses mérites de son vivant) à tare honteuse. Il finira ses jours dans un état proche du légume. En tous cas, il sera un enfant dans un corps d'adulte. Le récit d'une déchéance programmée
Jean-Marc Fedida commence son ouvrage en vantant presque Al Capone et son entreprise. Il nous explique le point de vue du gangster en nous montrant du doigt les raisons de ses agissements et son raisonnement. J'en étais un peu décontenancé. Je me suis demandé où il voulait en venir. Puis vint une phrase qui replace tout dans son contexte. 
>Que l'on se méprenne pas! Alphonse Capone est tout sauf un personnage sympathique. La rue dont il est devenu maître à Chicago mais aussi à Cicero est encore rouge de sang de ceux qui l'ont défié, ou de ceux qui lui ont simplement déplu.
Avec ce simple paragraphe, il m'a fait comprendre où il voulait en venir. Avec cet ouvrage, il met en exergue en duel de titans: Al Capone, et l'Etat américain. Al Capone a cru pouvoir créer son propre état avec ses propres règles. Il était persuadé que son argent le sauverait de toutes les situations. Finalement, c'est à cause de cet argent qu'il est tombé. Et quand vous avez compris cette opposition, vous serez plongé dans les rouages de ce combat passionnant. On y apprend de nombreuses vérités historiques qui nous mettent en perspective les récits que l'on a tous en mémoires.
Alors que le sujet peut paraître peu évident et peut-être complexe, Jean-Marc Fedida arrive à nous y intéresser. Pour ceux qui aime les périodes un peu troubles, et les vérités historiques sur les légendes urbaines, ne loupez pas ce livre. 
Pour la petite anecdote, vous y apprendrez notamment qu'Eliott Ness est décédé après avoir été condamné  plusieurs fois en état d'ivresse avancée. 

Aucun commentaire: