Valerie Tordjman - Le jour d'avant


Des traumatismes, le vingtième siècle en a compté un certain nombre. Parmi ceux-là, il y a un diptyque que nous ne sommes pas prêt d'oublier: les explosions atomiques. Elles sont ancrées dans nos mémoires, même pour les générations nées après. Comme la mienne. Massacre collectif d'innocence par excellence. Il y eut un jour d'avant. Et il y a un jour d'après. 
Hiroshi Mori, lui, veut présenter un hommage à ce jour d'avant. A ce temps où l'Humanité était innocente des ravages des atomes. Pour ce faire, il présente un exposition nommée Little Boy. Nom du premier engin nucléaire. Elle retrace les aventures de Captain Guilty et Dr Shrink. Le Capitaine Coupable est le pilote du B-29 chargé des relevés météo au dessus d'HIroshima. Relevés qui ont données le feu vert pour le largage de la bombe. Son partenaire n'est autre que le philosophe allemand Claude Eatherly, un anti-nucléaire convaincu. Le mangaka a créé une fiction avec ces personnages pour que ses contemporains ne se sentent plus coupable de la bombe. Les victimes sont devenus les bourreaux de leur propre conscience. 
Et que vient faire pendant ce temps le photographe Enguerrand? Il a réussi à s'échappper de son éditeur pour venir sur le lieu du commencement de tout. Les destins se croisent sans jamais se rencontrer.

Bienvenue dans notre conscience collective.
Hiroshima et Nagasaki. On parle de ces villes comme le théâtre du cataclysme nucléaire. Elles sont en nous pour cela. Mais elles sont autre chose. Elles ont un autre sens
 Avant le champignon, elles avaient leurs existences et leurs vies Aujourd'hui, elles n'ont plus que leurs morts Mais, l'auteur nous pose la question piège: avez-vous déjà pensé à ces événements non pas comme des dates historiques mais comme des tranches de vies Je vous promets que vous voyez alors les choses autrement. Le jour d'avant, c'est ça. C'est le jour où tout existait. Où les rires fusaient, et les pleures coulaient. Et puis, pfff... C'est la fin de la normalité et on rentre dans l'Histoire. Valérie Tordjmann, tout comme dans Médor & Diégo, fait preuve de finesse dans le traitement de ses personnages. Aucune vision linéaire, ni de ligne écrite. On navigue d'un point de vue à un autre. On navigue d'une réalité à une autre. Et on retombe finalement sur nos pattes, et sur la vérité de l'existence normale.

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