Catherine Fradier - L'Agence de sécurité économique

     Début janvier est sorti le second tome de la série de l'ASE en poche aux éditions Pocket. Du coup, j'ai voulu revenir un peu sur ce diptyque de Catherine Fradier en regroupant les deux ouvrages dans un dossier. Ils ont été pour moi un très gros coup de coeur que je relis avec plaisir à chaque fois.

Cristal Défense
"Cristal défense" est l'étape ultime du secret d'État. C'est très simple: le rapport est écrit, lu par le supérieur direct puis il est cloisonné dans un coffre. Il est rare d'un tel stade soit atteint. Seules affaires très sensibles, et celles qui ne devraient même pas exister sont tamponnées de ce cachet. Et parmi celles-ci, il y a les dossiers traités par Éléonore de Coursange, dite Léo, et son équipe. Ils forment l'Agence de sécurité économique. Il s'agit d'une agence, née des services secrets français, dont l'objectif est de sauvegarder les intérêts des entreprises capitales pour l'économie française.

Et ce jour, Léo a entre les mains un dossier qui l'étonne un peu. Il est question des intérêts économique de la société Aristee. Seulement, cette société spécialisée dans les semences et les engrais est américaine. Certes, elle a un partenariat d'envergure avec l'état français mais il est inhabituel de protéger les intérêts étrangers. Elle poursuit la mission et tombe certains secrets qu'ils n'auraient pas dû révéler. Les serres du piège se referment sur chacun d'eux tout doucement mais sûrement. Ils sont chacun leur propre quête, et leurs propres démons. Mais lorsqu'OGM, crise alimentaire et peurs personnelles se rencontrent, la situation est explosive. Et le résultat va en laisser sur le carreau.

Récent roman de Catherine Fradier, Cristal Défense est surtout symptomatique d'une nouvelle écriture française.
Je m'explique. Avec ce thriller, l'auteur nous pond une œuvre à l'écriture américaine du point de vue télévisuelle. En effet, les auteurs des scenarii des séries américaines sont une école qui n'existe pas en France. Regardez les séries policières made in TF1 et vous comprendrez ce que je veux dire. On y voit une certaine linéarité. Alors que chez nos voisins outre-atlantique, on cultive les intrigues multi-couches: une intrigue principale et des secondaires qui courent tout le long de la saison. Du coup, vous avez plusieurs lectures possibles d'un épisode. Ici, c'est la même chose: une intrigue principale concentrée sur Aristee, et des secondaires centrées sur les personnage du premier cercle de l'équipe. Et aucune ne se superpose à l'autre. Et ce, jusqu'au twist final.

En plus de ce côté littéraire pur, vous retrouvez avec cet ouvrage l'aspect politique de l'œuvre de Catherine Fradier. Pour vous donner une idée, vous remplacez Aristee par Monsanto et le côté réel de l'historique de la société est rétabli. De la même façon, elle nous plonge dans un monde assez effrayant par rapport à l'information et aux services secrets. Mais c'est notre monde comme il est dit sur la quatrième de couverture. Et c'est le talent de l'auteur: à travers une histoire inventée, elle nous plonge dans une réalité opaque glauque. Mais c'est la vérité.


La face cachée des miroirs
        Il y a dix-huit mois, l'Agence de sécurité économique est démantelée sous l'accusation d'espionnage pour l'ennemi. Mais la vérité est toute autre, elle s'est tout simplement approchée de trop près d'un conglomérat européen, l'Institut européen d'analyse et perspective, en relation avec les hautes sphères étatiques. Les agents de l'ASE étaient une menace, ils ne le sont plus. Deux sont aux arrêts pour contraindre Léo, chef de l'ASE, de se tenir tranquille. Igor est parti en Russie et Karl est en prison à Fleury-Merogis pour pédophilie.

Léo a compris le message, elle se tient tranquille et laisse les têtes en paix. Mais elle ne cesse de penser à une image. La dernière de l'ASE, le visage de sa fille disparue depuis plus de dix ans. Elle est vivante, elle le sait mais elle ignore où elle est. Elle a alors ouvert une agence d'investigation économique. Les clients sont là et les risques aussi. Elle est sur écoute pour éviter qu'elle ne s'occupe de ce qui la concerne pas.
Mais des agents d'une force étrangère viennent la voir pour lui faire la démonstration du soutien qu'elle peut espérer. Première preuve: la libération d'Eric et Latifa qui sont retenues par les services secrets français. Puis, libération par la voie légale de Karl. 
Les cartes sont distribuées et la donne ne sera pas renouvelée. Éléonore de Coursange s'attaque pour la seconde fois à l'Institut européen. Et cette fois, il n'est plus seulement question de justice mais de vengeance. 

L'année précédente, Cristal défense avait donc été mon gros coup de cœur. J'avais été très agréablement surpris par le style et l'écriture. Une écriture qui sortait totalement des canons européens. 
Ici, on revient à une écriture plus linéaire. Mais c'est bien obligé puisque Léo est la seule survivante de l'ASE. Tous les autres héros de la précédente saison sont emprisonnés ou disparus de la circulation d'une façon ou d'une autre. Du coup, Catherine Fradier prend ses lecteurs à revers en changeant totalement son fusil d'épaule. Alors que, pour le premier, elle alternait les points de vue des personnages, elle choisit ici de suivre Éléonore de Coursange au pas. Elle est présente dans toutes les scènes du roman. Et le challenge est réussi puisqu'il n'y a pas de latence ou d'ennui. Les évènements tiennent en haleine le lecteur et le surprenne pour garder son attention. On n'a qu'une hâte: connaître la conclusion pour avoir enfin le fin mot de l'intrigue concernant la fille de Léo. 
On retrouve tous les personnages que l'on a aimé dans le premier volume, et on y découvre d'autres. De nouvelles intrigues viennent se lier à la principale, et les happy-ends ne sont pas forcément au rendez-vous. Surtout, ce tome est bien la fin du diptyque. Mais on nous promet une saison trois. Alors j'ai hâte de voir les nouvelles intrigues.

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