Voici la suite du dossier avec les chroniques des 5 derniers albums.
Tome 6- L'échange (avec Alain Mounier)
Tome 6- L'échange (avec Alain Mounier)
1882, un voyage vers les terres promises de la Liberté des Etats-Unis d'Amérique. La famille d'Alice Fleury qui possède Nahik fait partie de ce voyage. Ils y rencontrent la famille Santoni. Les deux femmes accouchent à bord: l'une d'Alice, l'autre d'une petite fille. Petite fille qui ne survivra pas au naufrage du paquebot.
L'histoire commence en 1902 pour les 20 ans d'Alice. Elle a tout pour être heureuse: une famille unie et sans heurts, une riche demeure et tous les garçons à ses pieds. Mais elle préfère être avec les petites gens qu'avec les parvenus que fréquentent ses parents. Alors qu'elle chine dans une brocante, elle retrouve Nahik avec les aquarelles qui lui rappellent étrangement celle encadrée dans le salon de ses parents. Alors qu'elle cherche à en apprendre plus sur l'ouvrage, elle va apprendre que sa famille a bien d'autres défauts et d'autres secrets.
On calme le jeu avec les récits de guerre et de vengeance. Quoique... Ici, il est question de ces secrets de famille que tous essaient d'oublier mais qui surgissent à la moindre recherche. Le scénariste renoue avec l'intimité du cercle familial qu'il affectionne tant. Le récit, plus intimiste est servi par un dessin qui évolue avec le récit. Une constance dans le style général mais des détails propres à chaque dessinateur: voilà la règle de la série. Règle qu'Alain Mounier suit à la perfection. L'accent est ici mis, plus que dans les autres tomes, sur les mystérieuses aquarelles qui illustrent Nahik. Elles sont l'élément déclencheur de la vérité.
Tome 7- Les conjurés (avec Paul Gillon)
Tu ne tromperas pas ceux qui t'aiment
1822. La France est sous le régime de la Restauration. Les troubles dus à la révolution de 1789 ne sont pas encore finis. Les manifestations et révoltent se suivent depuis lors inlassablement. Et ce quelque soit le régime en place. Lors d'une de ses manifestations, Hortense Fleury croise le regard du lieutenant Vitrac. De par son physique, ses idées et son envie d'autre chose, il charme cette jeune aristocrate. Seulement, elle est déjà marié et a un enfant. Pourtant les faits ne la laisseront pas choisir son destin. Et pour le bien de la révolution, pour le bien de son beau lieutenant, en ses temps de guerres, elle propose aux insurgés d'éditer un livre qui fera date dans l'histoire de l'édition. Et qui leur permettra de rassembler les fonds. Ce manuscrit traîne dans la famille Fleury depuis longtemps. Il s'agit e Nahik.
C'est le premier album où l'on retrouve des protagonistes d'un autre. En réalité, ce n'est pas totalement vrai. On ne retrouve que la famille Fleury que l'on a croisé dans le tome précédent, et que l'on retrouve dans les tomes suivants. L'histoire du manuscrit prend enfin une certaine épaisseur en tant que telle. On commence à comprendre d'où il vient et di qui il est. Nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Malgré cette importance charnière dans la saga, cet album garde sa force indépendante. Vous le lisez sans connaître les autres, vous serez ébloui tout de même. Un récit historique comment les aime avec des personnages forts mais jamais risibles. Un tour de force lorsqu'on voit la galerie créée par Frank Giroud. Les pièges auraient pu être nombreux. Et pourtant, il les a évité.
Tome 8- Nahik (avec Lucien Rollin)
Tu te montreras charitable envers les faibles, les démunis et les pauvres d'esprit
1813. L'empire est en déroute. Chacun sait que ses jours sont comptés mais personne ne le dit réellement à voix haute. Peur de la répression. Mais ce silence fait des victimes. Parmi elles, Alexandre Fleury, un officier de l'armée française blessé sur le champ de bataille, il est infirme. Il revient en France avec son épouse Ninon. Ils trouvent tous deux refuges chez le frère de celle-ci, Hector qui est un célèbre écrivain de l'Empire. La bâtisse, grande et sombre, éveille l'imagination de tous. Surtout lorsqu'on sait qu'Hector garde dans une pièce close son frère le capitaine Nadal. Après avoir participé à la campagne d'Egypte, il est revenu fou et défiguré. Un être, ou une chose, hante ses journées et ses nuits. Il lui a donné un nom. Ce nom est Nahik.
Nahik est né. Comment Nahik est-il né? Voilà la question qui stagne dans l'esprit du lecteur depuis le début. Un premier élément de réponse intervient dans cet album. En effet, On commence à comprendre ce qu'est véritablement Nahik. En tout cas, en ce qui concerne le premier élément du triptyque, c'est-à-dire le manuscrit/roman. Outre cela, Frank Giroud, avec le talent de Lucien Rollin, nous peint une famille où la folie règne. Mais le plus fou n'est pas forcément celui qu'on croit. Ainsi que l'infirme ne l'est pas forcément physiquement. De plus, les dessins nous rendent la folie de l'ex-capitaine Nadal de façon palpable. On la ressent et elle nous effraie.
Tome 9- Le papyrus de Kôm-ombo (avec Michel Faure)
Tu ne convoiteras pas le bien d'autrui
La campagne d'Egypte par Napoléon Bonaparte a enflammé la passion des érudits de l'empire de France. Tous rêvent de pyramides et des trésors antiques de ce pays si lointain et sui mystérieux. Un homme s'intéresse aussi à ce pays dans son état actuel. Cet homme, un capitaine de l'armée, ne nous est pas inconnu. Il s'agit du capitaine Eugène Nadal. Là-bas, il va rencontrer une autre personne qui a le même attrait pour l'Egypte d'aujourd'hui. Ce peintre de talent, Fernand Desnouettes. Ce savant connaît les légendes et les mythes de ce pays sur le bout des doigts. Notamment, la légende qui traite du labyrinthe de Thot. Un sanctuaire où aurait été déposé des siècles auparavant le papyrus de Kôm-ombo. Fruit d'un culte dérivé de l'Islam.
Après le manuscrit et le roman, c'est au tour des aquarelles si appréciées d'être expliquées. Nous faisons enfin la connaissance du peintre Fernand Desnouettes et de son talent. De plus nous retrouvons le capitaine Nadal et ce qui l'a rendu fou. La pelote commence à se dénouer complètement mais le mystère de l'omoplate reste entier. Il commence certes à se dévoiler ici, néanmoins il reste entier à la fin de l'histoire.
L'histoire, justement, parlons-en. Un récit d'aventure dans les plaines désertiques des sables de Kôm-ombo. Des décors grandioses et des personnages intenses. Une opposition entre l'idéaliste et le patriote. Entre l'artiste et le soldat. Et entre la science et le mystique. Les personnages, rencontrés ou seulement aperçus dans les autres tomes, prennent ici une importance qui fait relativiser l'ensemble de la série.
Tome 10- La dernière sourate (avec Franz)
Tu feras aimer Dieu par l'exemple et non par la force
En l'an 652, l'empire arabe regroupe un nombre très important de pays (dont l'Afghanistan, l'Egypte, le Liban...). Le seul ciment de cette architecture est la religion. Or, l'Islam est une religion d'orateurs. En effet, elle a été transmise aux hommes essentiellement par la parole et le verbe de Mahomet. Si bien que dans ces terres vastes et chez ces peuples différents, la parole diverge et les divergences d'interprétations se développent. L'Empire musulman est menacé en sa cohérence et son unité. Ainsi que la religion elle-même. Ainsi, quelques hommes de confiance ont été désignés par le Calife pour recenser les différents témoignages et de les recenser en un ouvrage unique: le Coran.
Tayeb Abou Tayeb est l'un de ces fidèles partis à la recherche des témoignages et des révélations. Il rencontre Mahdjubah, une jeune femme qui lui révèle l'existence d'une étrange sourate du Prophète. Elle existerait sous forme d'un décalogue. Décalogue que Mahomet lui-même aurait calligraphié sur l'omoplate d'un chameau. Seulement, ces principes sacrés vont contre la politique d'alors du Calife et sa vision de l'Islam. Ce décalogue doit être enterré. En bon croyant, Tayeb n'est pas d'accord avec cet ordre. Et le charme de Mahdjubah n'y est également pas pour rien.
Et la boucle est bouclée. L'omoplate est née, et on comprend enfin la raison des dissensions qu'elle crée au sein de la religion musulmane. Une parole contraire à la vérité officielle, et une envie de vérité d'un fidèle. Rien de plus simple. Mais c'est écrit par Frank Giroud. Le dessin par Franz, qui peut paraître agressif parce que très brut, donne une épaisseur à cette confrontation entre le bien-pensant, et la vérité qui dérange.
Une conclusion à la saga qui donne les réponses que l'on attendait. Un dernier tome qui est le premier chronologique. Quand vous les aurez lu dans l'ordre de publication, relisez-les en commençant par le dernier. Vous découvrirez ainsi le destin de ce livre et de ce décalogue qui a tant forcé le destin. Jeudi, je reviens avec les suites et spin-off. Je vous parlerai aussi un peu du projet que ce génie a fait par la suite: une nouvelle invention narrative.
1 commentaire:
j'adore cette série
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