Christian Roux - La bannière était noire


Il a quitté sa campagne normande natale pour rejoindre la capitale. Il a décroché une sélection au casting final de la Star Academy. C'est une occasion comme une autre de quitter cet isolement et le vide. Il vivait avec sa mère contractuelle? parce que placée par la DDASS. Elle lui a alors trouvé un emploi et un logement. La balle est lancée. Qui sait où elle va atterrir? Dans quel camp?...

Elle atterrit dans l'inconnu. Paris est un dédale où les premières rencontres sont les plus déterminantes. Mais pas forcément les meilleurs. Notre "gamin" rencontre Samia, une jeune beur. Une relation compliquée. Peut être parce qu'il n'y a pas le temps pour l'amour dans cette jungle de béton et de verre. Sa route croise également celle d'Eric, Bertrand et les autres. Des supporters qui préfèrent taper dans les têtes des étrangers que dans le ballon. Des nazillons. Les plus dangereux parce qu'ils sont persuadés d'avoir constamment quelque chose à prouver. La vie du gamin en est là...


Je l'attendais ce roman. Vous vous en doutez. Je suis un très grand fan du style sec de Christian Roux. Une écriture tout en poésie mais des propos durs. Des propos qui décapent le vernis de la bien séance sur des scènes quotidiennes. Un auteur engagé et engageant. Dans la lignée de la prestigieuse Série Noire. C'est donc tout à fait normal de le retrouver dans cette résurrection en poche.

Là, il prend le parti de nous narrer l'arrivée d'un rural au sein la pieuvre urbaine. Il se fait manger tout cru. Il s'agit ici surtout de nous dépeindre les conséquences désastreuses du choc des ignorances. Notre "gamin" rencontre des beaux parleurs qui le charme, et lui montre des tares qu'ils sont les seules à voir. Même ignorance, même conséquence: Samia lui parle d'un intégrisme ambiant dont elle est la première victime. La question posée n'est pas de savoir si la France est raciste, mais plutôt si l'ignorance de l'autre, en toute innocence, n'est pas pire que cette haine. Et la provoque.

La question est posée par ce jeune homme qui rentre dans un monde où le langage et le comportement sont différents du sien. Le roman fait à peine une centaine de page mais c'est un condensé de sentiments et de poésie qui pue le bitume. Une perle.

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