Christian Roux - Placards

Je suis en train de lire Les Cicatrices de Jac Barron, le premier tome de la trilogie des Pulsions. Et dès les premières pages, il m'a fait penser au second roman de Christian Roux. On y croise des personnages aux carapaces fêlées et des peurs purement humaines. Ces deux romans nous montrent avec talent le pire de l'Humanité d'où ressort les coeurs les plus vaillants. En attendant de finir le roman de Jac, je viens vous parler du roman de Christian Roux.

Une jeune femme éventrée. Un petit garçon enfermé dans un placard tout au long de sa journée pour se cacher du mac de sa mère. Mère qui le sort pleine de tendresse et de remords, mais qui le renferme très vite emplie de peine et de rancœur. Le souci est que cette mère et la jeune femme sont une seule et même personne. Et l'enfant est témoin. Il se trouve alors le centre d'une course contre la montre entre le mac et les deux flics chargés de l'enquête. Ses flics dont l'histoire présente leur remémore leurs histoires passées. Les histoires d'un abandon forcé de l'innocence. La mort, le regret et le manque d'estime de soi sont au croisement de ce scénario qui pue la réalité la plus glauque.

En effet, le sujet est très dur. Et le style employé par Christian Roux en est tout aussi dur et incisif. Une croisée de destin ayant un lourd passé et qui le regrettent. Des personnes qui ont un vécu dont ils se seraient bien passés. Et au milieu de ce groupe, il y a un enfant qui vit son présent et son futur passé à lui. Ce passé qui le marquera comme il marque les adultes d'aujourd'hui. Et ces quatre personnes le voient, et veulent le lui éviter. Une course contre la montre, contre la peur s'engage. C'est l'occasion pour certains de faire une introspection et d'analyser leur conscience. Ils s'en veulent alors qu'ils ne devraient pas. Leur mal être l'emporte là où l'espoir pourrait les guider. Roux nous décrit un siècle d'ombre de façon magistrale.

Il s'agit d'un roman très intime. Par conséquent, il en devient difficile d'accès, et je dois avouer que je ne le conseillerais pas au premier lecteur venu. Pourtant, c'est dans cet exercice de style que le véritable talent de Roux éclot à sa pleine mesure. Il dit lui-même que Placards est son préféré. Et c'en est facilement compréhensible. A travers les mots utilisés, vous apprendrez à connaître cet homme. Ce polar est à lire les yeux grands ouverts. La réalité est parfois malheureusement beaucoup plus proche qu'on le croit.