Jed Rubenfeld - L'interprétation des meurtres


Ce roman de Jen Rubenfeld a été la très bonne surprise de l'année littéraire 2007-2008. Auteur inconnu alors, cet américain a fait ses études à Harvard, ainsi qu’à Princeton où il a soutenu une thèse consacrée à Freud. Actuellement professeur de droit à l’université de Yale, il vit dans le Connecticut. L’Interprétation des meurtres est son premier roman. Et quel premier roman!!! Laissez-moi vous replonger dans l'atmosphère.

1909. New-York est en pleine construction et en pleine révolution architecturale. La place au sol étant limitée, on essaie de vaincre les hauteurs. Et ce de plus en plus vite. Les grattes-ciel débarquent en plein centre de la Grosse Pomme, à Manhattan. De la même façon, la population de la ville change également. La haute bourgeoisie s'installe en plein cœur de la cité, et crée ses propres codes. Freud et ses disciples arrivent à ce moment pour que leur révolution rencontrent celle des américains. Elles ne sont pas du même ordre, et ils vont bien le remarquer. Parmi les accueillants, se trouvent le jeune docteur Younger qui s'est immergé dans les théories du viennois et les considère comme siennes. Il fait des partie des pionniers américains de la psychanalyse Freudienne.
Seulement, cette rencontre est troublée par la découverte du meurtre d'une jeune fille membre de cette bourgeoisie sus-citée. Ayant lieu dans un bâtiment appartenant à un ami du maire, ce dernier charge le médecin légiste Hugues de l'enquête avec pour consigne qu'elle soit résolue au plus vite. Hugues s'adjoint alors les services de l'inspecteur Littlemore. L'enquête s'accélère lorsqu'une seconde jeune fille se fait agressée dans les mêmes circonstances. La psychanalyse est alors appelé en renfort lorsque la victime de cette agression ne parvient plus à parler. Sigmund Freud propose alors au docteur Younger de s'en occuper.

Là est le premier coup de génie de l'auteur: ce n'est pas Freud qui mène l'enquête mais un de ses disciples. Et je parle de coup de génie parce qu'ainsi, il reste libre de travailler avec ce personnage historique sans pour autant le mêler directement à une histoire fictive. Évitant alors tout imbroglio historique. Dès cet instant Jed Rubenfeld crée une histoire en deux pans.
D'un côté l'enquête du trio Littlemore-Hugues-Younger qui travaille sur les mêmes faits mais chacun de leur côté avec leurs propres méthodes. Et leur propres conclusions. Cet aspect du roman est passionnant parce que très bien écrit. Il ne s'agit pas d'un simple prétexte à parler du côté historique. Un vrai polar (avec ses coups d'éclat, ses rebondissements et ses temps morts) se déroule sous nos yeux. Ce qui me fait dire que l'auteur manie avec succès les codes consacrés de ce genre littéraire.
De l'autre côté, il nous narre fort agréablement les péripéties que connurent Freud est ses théories aux États-Unis. En effet, ces idées ont été peu apprécié par tout une partie de la population. et ce pour différents raisons plus ou moins logiques. Loin de tout débat idéologique, Rubenfeld nous décrit les événements comme ils auraient pu se passer. Auraient pu parce qu'il profite d'une période d'ombre dans la biographie de Freud pour nous narrer ceux-ci. Tout ce que l'on sait de façon véridique est que le célèbre psychanalyste partit aux USA et en revint avec une aversion certaine pour ce pays. On vit la genèse internationale de la théorie freudienne, et des difficultés dues son expansion

Par ce double aspect polar et historique), ce roman intéresse le lecteur et ne le laisse pas s'échapper. Lorsqu'une des deux parties faiblit un peu, l'autre relance l'intérêt et nous pousse à continuer. en conclusion, ce livre est un régal à travers lequel on en apprend autant sur la psychanalyse et son passé que sur l'architecture américaine de cette époque.
A lire si ce n'est pas déjà fait!

1 commentaire:

dasola a dit…

Bonjour, j'ai lu aussi ce roman avec plaisir mais Freud n'est présent qu'en pointillé ainsi que Jung. Dans le même genre, j'avais quand même préféré l'Aliéniste de Caleb Carr. Bonne fin d'après-midi.